Immobilier : la création d’un prêt à taux zéro étudiée par le Pays

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À un peu plus d'un mois du vote du budget 2025, le ministre de l'Économie et des finances Warren Dexter peaufine ses plans pour lutter contre la cherté de la vie et établir une fiscalité qu'il souhaite plus équitable. Pour aider les familles à accéder à la propriété immobilière, le Pays planche notamment sur la mise en place d'un prêt à taux zéro, en complément de l'aide à l'investissement des ménages et d'une baisse des frais de notaires. Le projet pourrait être présenté à l'Assemblée lors de la session administrative 2025.

Publié le 22/10/2024 à 11:30 - Mise à jour le 22/10/2024 à 14:25

À un peu plus d'un mois du vote du budget 2025, le ministre de l'Économie et des finances Warren Dexter peaufine ses plans pour lutter contre la cherté de la vie et établir une fiscalité qu'il souhaite plus équitable. Pour aider les familles à accéder à la propriété immobilière, le Pays planche notamment sur la mise en place d'un prêt à taux zéro, en complément de l'aide à l'investissement des ménages et d'une baisse des frais de notaires. Le projet pourrait être présenté à l'Assemblée lors de la session administrative 2025.

TNTV : La baisse des frais de notaire a été annoncée. On passerait de 11 à 7% y compris pour les primo-accédants qui bénéficient aujourd’hui d’un taux réduit. Idem pour les ventes en VEFA. En contrepartie, que prévoyez-vous ?
Warren Dexter, ministre de l’Économie, du budget et des finances, en charge des énergies :
« Pour l’instant, on ne touche pas au taux réduit sur les primo-accédants. C’était prévu dans le projet de loi du Pays initial mais, à la demande du ministère du Logement, on a différé cette mesure à 2025, puisque ça doit s’accompagner effectivement d’un amendement de l’AIM (Aide à l’investissement des ménages), qui est une subvention directe aux ménages qui en ont le plus besoin. Et aussi par le fameux prêt à taux zéro que l’on doit mettre en place courant 2025, en collaboration avec les banques » .

TNTV : Le dispositif de prêt à taux zéro existe déjà en Nouvelle-Calédonie. C’est un prêt immobilier dont les intérêts sont payés par la Nouvelle-Calédonie. Pour le mettre en place ici également, y a-t-il des freins ? Quels sont-ils ?
W.D :
« Je n’ai pas été associé directement au dossier, mais l’ambition, c’était de mettre en place ce dispositif à cette fin d’année. Apparemment, les choses ne sont toujours pas bien calées avec les banques. Donc le projet est différé à mi-2025. On le mettra à la session administrative 2025. »

TNTV : Vous venez de parler de l’aide à l’investissement des ménages, que vous comptez abonder. Ce dispositif touche-t-il vraiment le public cible ? Les démarches administratives pour y prétendre sont-elles à la portée de tous ?
W.D :
« Actuellement, je crois que l’AIM vise les ménages qui gagnent 4 fois le SMIG maximum. Je ne sais pas quelles sont les intentions du ministère du Logement. Est-ce que c’est de l’étendre à des populations qui iraient jusqu’à 5 SMIG ? (…) Après, sur les difficultés à constituer les dossiers, je voudrais rappeler qu’il y a quand même un accompagnement qui est prévu par la DGAE (Direction générale des affaires économiques) (…) On ne peut pas simplifier à outrance les formulaires administratifs. »

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TNTV : Il y a deux manières d’agir sur les prêts immobiliers. D’un côté en réduisant les frais d’acquisition, mais aussi en agissant sur les taux d’intérêt. On parlait du prêt à taux d’intérêt zéro, des intérêts qui pèsent sur le coût final (d’achat d’un bien immobilier, NDLR). Comment le Pays pourrait supporter ce coût ?
W.D : « Concrètement, il s’agira de proposer aux banques une réduction de leur taxe sur le produit net bancaire, la taxe spécifique aux banques. Et en contrepartie de ce gain fiscal, elles vont se priver de la recette constitutive des taux d’intérêts. »

TNTV : Les prix de l’immobilier sont exorbitants en Polynésie française, étant donné la rareté du foncier disponible à la vente. Vous réfléchissez à la façon de mettre à disposition du foncier territorial ou communal pour supprimer l’impact de ce coût. Ça se précise, aujourd’hui ?
W.D : « Oui, c’est en réflexion. Il faut se poser les bonnes questions sur la rareté du foncier. Je pense que ça résulte avant tout de décisions qui ont été prises de gouvernement en gouvernement de concentrer encore plus les Polynésiens sur l’île de Tahiti, d’attirer des activités sur l’île de Tahiti. Tout cela crée la rareté, la cherté du foncier. Peut-être que les bonnes questions à se poser, c’est de savoir comment on peut redéployer les populations et les activités sur l’ensemble du territoire de la Polynésie française. »

TNTV : Y a-t-il déjà des zones identifiées ?
W.D :
« Pour l’instant, non. Mais l’un des dossiers sur lesquels on travaille avec le ministère en charge des archipels est de mettre en place de vraies mesures incitatives à l’investissement et à la déconcentration administrative. »

TNTV : Comment pourrait-on accélérer la sortie de l’indivision ?
W.D :
« La sortie de l’indivision, c’est un sujet un peu délicat parce que tantôt on dit que c’est une bonne chose, les ménages ont besoin de sécurité juridique, tantôt on nous dit que l’indivision a toujours permis de ne pas vendre les terres. L’alternative sur laquelle on travaille, qui a déjà été expérimentée par l’ancien gouvernement, c’est ce qu’on appelle la fiducie. C’est-à-dire permettre aux co-indivisaires de confier leurs terres à un tiers qui va gérer et leur donner des revenus périodiques. Il y a un projet de texte mis en place par l’ancien gouvernement. Le ministère du Logement veut parfaire ce texte parce qu’il estime qu’il n’est pas suffisamment adapté aux spécificités polynésiennes en l’état. »

TNTV : C’est un peu une solution à contre-courant de la propriété individuelle. C’est plus adapté aux Polynésiens ?
W.D : « Je pense que c’est plus adapté aux Polynésiens dans le sens où il n’y aura en aucun cas une vente de terres. C’est la gestion de terres au bénéfice des Polynésiens. »

TNTV : On parle beaucoup de foncier, de patrimoine. C’est un terme qui revient beaucoup dans votre réforme du régime des non-salariés et celle du ministre de la Santé. Cela suscite beaucoup de questions, notamment chez les patrons. Il faut encore définir, préciser. Votre but est-il clairement de taxer davantage le patrimoine ?
W.D : « Ça dépend de ce dont on parle. Si on parle de la réforme des régimes sociaux, je laisserai la réponse à mon collègue Cédric Mercadal. À mon niveau, je dis effectivement que, dans ma réforme fiscale, si on veut faire baisser le coût de la vie en Polynésie, on doit diminuer la fiscalité indirecte qui représente 70 % des recettes totales du Pays. Et, en contrepartie, puisqu’on a toujours besoin d’argent pour financer l’action publique, d’augmenter la fiscalité sur le patrimoine. »

Lire aussi – Réforme du régime des non-salariés : la CPME attentive aux impôts sur le patrimoine

TNTV : Les patrons regrettent la suppression de la TVA sociale qui avait fait tant de bruit à l’époque. Seriez-vous favorable à son rétablissement, vous aussi ?
W.D :
« Je ne comprends pas ce désir récurrent de nos amis du patronat (…). Aujourd’hui, on est dans une situation budgétaire confortable et on n’a absolument pas besoin de remettre en place des taxes pour financer les régimes de protection sociale. En plus, ils proposent de remettre en place la taxe sociale. Je tiens à rappeler que c’est un engagement fort de la majorité actuelle de supprimer cette taxe. Donc, ce n’est sûrement pas dans ces conditions qu’on va la remettre. Si dans l’absolu, on doit remettre une autre taxe pour financer des nouveaux besoins des régimes de protection sociale, je pense que ce ne sera certainement pas sur la consommation, qui est injuste, puisque le riche et le pauvre payent la même chose » .

TNTV : Pensez-vous que la TVA sociale avait finalement été acceptée par le grand public avant sa suppression ?
W.D : « Je n’étais pas aux affaires. Je veux croire que oui, puisqu’il n’y a pas tellement de bruit autour. En revanche, ce qu’on peut dire, c’est que si la suppression n’a pas eu l’effet baisse de prix attendu, c’est tout simplement parce qu’on n’a pas associé les entreprises à cette suppression. C’est un peu dommage » .

TNTV : Concernant le potentiel futur PDG d’Air Moana, Lionel Guérin, une pointure de l’aviation : il a été directeur général délégué du groupe Air France-KLM et devrait prendre les commandes de la jeune compagnie. Vous l’avez rencontré. Est-ce l’homme de la situation aujourd’hui ?
W.D : « Tout porte à croire que c’est l’homme de la situation. En tout cas, il a un pedigree qui parle pour lui. C’est un homme d’expérience dans le domaine de l’aéronautique. Cela nous rassure davantage sur le milliard qu’on a proposé à la société pour l’aider à sortir de ses difficultés, puisqu’au nombre des conditions que nous avons posées, c’est effectivement que les actionnaires puissent trouver les 3 milliards restants sur les 4 milliards dont a besoin la compagnie pour fonctionner. Mais en plus, on a demandé de modifier la gouvernance, c’est-à-dire de trouver de vrais « sachants » dans le domaine de l’aéronautique. Et je pense que M. Guérin répond à ce profil » .

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