Dans un champs d’agrumes et de tubercules à Papara, faune et flore cohabitent paisiblement. Un poulailler permet de contribuer à enrichir naturellement les sols. Tuhani Pugibet est agriculteur bio certifié et président d’une coopérative. Âgé d’une trainte d’années, il a déjà 10 ans d’expérience dans le domaine du bio. Un choix dont il est fier, mais… « Les temps sont de plus en plus durs. On pourrait dire que les produits bio sont chers, mais c’est pas qu’ils sont chers, c’est qu’on a pas la même façon de produire. On a été habitué à une consommation, on va dire, artificielle, et aujourd’hui, on retourne vers une agriculture plus naturelle ».
Pour Gilles Parzy, expert de l’agriculture biologique et gérant d’un marché bio, il faut adapter les cultures locales aux spécificités climatiques : « On a un public qui déserte un peu les produits bio malheureusement, alors que c’est un gage de santé. Il faut vraiment investir pour sa santé. Et on peut aussi beaucoup aider les producteurs à investir pour la santé publique. En adaptant son alimentation vers des produits locaux certes, mais surtout tropicaux, qui sont faciles à produire pour les producteurs qui peuvent donc faire baisser les prix. (…) Les gens commencent à connaître le katuk, le gynura, le melinjo, le fafataro… Il y a tout un éventail de légumes qui sont vraiment adaptés à nos conditions tropicales humides ».
En plus des agriculteurs professionnels, les jardins partagés de Arue alimentent également la production biologique certifiée, c’est-à-dire correspondant à un certain nombre de normes. Car réaliser son propre faa’apu dans ce type de structures est l’une des solutions pour mieux manger. Certains parviennent même à vendre ce qu’ils ne consomment pas. Des formateurs professionnels viennent guider les amateurs.
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À Taunoa, un marché est l’un des canaux de distribution des coopératives. Il ne fait pas de bénéfices. Plusieurs particuliers le soutiennent bénévolement comme Jean-Paul Théron : « Quand on achète un kilo d’aubergines, de mangues ou un uru ici, on est à peu près certain qu’on rend un double service : un service probablement à sa santé, mais aussi, on fait tourner la petite agriculture bio locale qui progresse doucement, sûrement. Et on sait que là, on est dans un micro-commerce ».
Pour d’autres clients réguliers, consommer bio n’est pas nécessairement plus couteux et cela s’inscrit même dans une démarche gloable. « Bien sûr qu’on trouve des produits dans les grandes surfaces etc. mais on n’a pas connaissance de ce qu’ils mettent dans les sols… Cela me rassure de savoir qu’ici où je viens acheter mes produits, c’est garanti (bio, Ndlr) » indique Célia Tetavahi, consommatrice et soutien de la filière bio. « Pour certains produits, c’est même moins cher que dans d’autres commerces. Et en plus, le magasin livre depuis peu. On sent le vrai goût du légume, du fruit » ajoute Karl Tetavahi.
Au cours de ces derniers mois, cette petite structure, victime de l’inflation, a perdu près de 40% de chiffre d’affaires. Si la situation perdure, ce marché et une partie de la filière, seront en sursis.