C’est le sourire aux lèvres que l’ex Premier ministre de la République a débarqué à Tahiti samedi soir. « Je crois qu’on a beaucoup de choses à apprendre de la Polynésie, a-t-il déclaré. Je viens pour apprendre, discuter, échanger. Je suis très heureux d’être ici. Un peuple qui accueille avec des fleurs, c’est un peuple de haute civilisation. »
Jean-Pierre Raffarin, invité par la Chambre de commerce locale, participera à une série d’échanges. Passionné par la Chine, il fera également part de son analyse sur la situation politique dans la région Pacifique. « Aujourd’hui, on a une très forte tension entre les États-Unis et la Chine, ce qui fait qu’ici, il y a des tensions très importantes. Mais faisons très attention parce que les Américains défendent leurs intérêts. Les Chinois aussi. Et nous avons sans doute un jeu à jouer avec les partenaires, surtout les partenaires enracinés dans cette culture polynésienne, cette culture qui est au fond cette grande culture du Pacifique. Je pense qu’il faut construire des stratégies sophistiquées. On est aujourd’hui au cœur d’une nécessité qui est de penser une stratégie adaptée à cette situation internationale marquée par un très grand désordre. Aujourd’hui il y a la guerre en Russie, des incertitudes en Afrique, la mise en cause du fonctionnement de l’ONU et il y a naturellement cette tension sino-américaine. Dans tout ce contexte, ceux qui savent où aller, ceux qui ont des convictions, des actions culturelles puissantes, des ambitions, de la liberté. Eh bien ceux-là sans doute peuvent être gagnants. Et je pense que la Polynésie, c’est un peu son enjeu. Elle a une place forte. On va essayer de jardinier le sujet pour trouver des perspectives. »
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Si l’ancien Premier ministre estime qu’il faut se « méfier » de la puissance de la Chine, il admet que c’est « une immense civilisation et ce sont eux qui attirent l’avenir du monde sur cette zone-là. Et donc il faut pouvoir construire des stratégies dans nos intérêts, avec la culture, avec l’économie, avec cette jeunesse polynésienne qui doit trouver sa place et en même temps s’appuyer sur les forces des uns et des autres ».
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Pour Jean-Pierre Raffarin, l’invitation de la CCISM permet de rendre plus accessibles les questions de diplomatie : « je crois qu’il se passe quelque chose partout dans le monde : c’est l’aspiration des sociétés civiles à décider de leur avenir. Et dans les sociétés civiles, il y a naturellement le rôle des entreprises. Mais aussi, il y a le rôle des jeunes, le rôle des femmes. On voit bien que la diplomatie a été trop longtemps enfermée dans les mains des experts, dans les mains des diplomates. Et aujourd’hui les gens veulent comprendre, la Chine, les Etats-Unis, l’Europe, la guerre en Ukraine etc. Donc il y a un besoin d’ouvrir les discussions, d’ouvrir les réflexions. Et c’est pour ça que par les Chambres de commerce, il y a cette ouverture aux sociétés civiles qui à mon avis peuvent changer le monde, peut-être un peu plus que la politique qui est de plus en plus essoufflée. »
Jean-Pierre Raffarin participera à des reocntres en Polynésie jusqu’au 7 septembre. Il donnera une conférence le 5 à 17h30 à la CCISM avec pour thème « La Polynésie Française au cœur de l’axe Indo-Pacifique ».