La 3e séance de la session budgétaire s’est tenue ce jeudi à l’assemblée de la Polynésie. Parmi les objectifs évoqués dans le rapport d’orientation budgétaire : un développement pérenne de l’emploi en Polynésie.
Avec 66 000 salariés déclarés en 2021 contre 65 177 avant le début de la crise sanitaire, Edouard Fritch dit engager l’année prochaine “une politique de l’emploi plus stimulante, dans le respect de la protection de l’emploi local“. Un des gros travaux de 2022 vise en effet à rénover l’actuel code du travail. Pour suivre l’évolution des prix, le SMIG devrait également être revu à la hausse dès le premier trimestre de 2022.
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Depuis 2019, on compte 2 000 inscriptions de plus au régime des non salariés. Une augmentation qui laisse penser à une migration du régime des salariés vers le RNS pour la création de petites entreprises. Le Pays souhaite ainsi profiter de cette dynamique et encourager l’entreprenariat local.
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Pour l’ex-ministre de l’Economie du Pays et sénateur Teva Rohfritsch, il faut avant tout « qu’on tire collectivement les leçons de cette crise. Pour l’avoir vécue en tant que vice-président à l’Economie au côté du président, et maintenant en tant que représentant et sénateur, on doit effectivement tirer les leçons, et parmi les sujets à l’époque qui posaient question, il y a l’absence d’indemnisation chômage. »
Il rappelle que depuis le début de la crise, « le Pays a dû, sur ses fonds propres, et après sur emprunt, financer directement des amortisseurs sociaux, financer du chômage partiel, financer du chômage tout court. Il fallait le faire en période de crise, c’était urgent et important de le faire pour préserver la capacité de nos familles à se nourrir, à se vêtir, à continuer de vivre malgré la crise, mais maintenant il faut prendre le recul et je crois qu’on ne peut pas se permettre à chaque fois qu’une nouvelle crise va survenir, parce que malheureusement il devrait y en avoir d’autres, de financer ça sur des prêts qui nous engagent sur 25 ans. »
La question de la création d’une Caisse chômage est donc de nouveau évoquée. Et Teva Rohfritsch le reconnait : « ce ne sont pas les 66 000 salariés qui pourront seuls supporter ça. Le coût du travail est énorme en Polynésie. Il faudra peut-être le fiscaliser. Il faudra peut-être faire appel à de la solidarité nationale. Mais ce que je veux dire c’est que le sujet maintenant, il ne doit plus être évoqué philosophiquement. On doit se mettre autour de la table pour voir si concrètement, oui ou non on la met en place, comment on la finance et pour quel type de chômage parce qu’on n’est pas obligés de faire du copier coller non plus par rapport à ce qui existe ailleurs, estime Teva Rohfritsch. Je crois que c’est un des éléments majeurs de ce débat d’orientation budgétaire, c’est qu’est-ce qu’on fait sur cette question du chômage. »
En septembre dernier, l’Institut d’émission d’outre-mer (IEOM) relevait une épargne importante des ménages polynésiens : plus de 37 milliards de Fcfp d’épargne cumulée depuis mars 2020. Mais toutes les familles n’ont pas épargné : « On a vu quand même qu’il y a plusieurs catégories de population aujourd’hui qui ont fait face à la crise. Ceux qui ont eu leur salaire, ils ont épargné parce qu’ils ne pouvaient ni voyager, ni consommer. Et ceux là on leur dit ‘continuez d’investir et de consommer en Polynésie’. C’est bien mais n’oublions pas tous les autres, rappelle l’élu. Le gouvernement ne les a pas oublié. Mais anticipons sur l’avenir pour tous les autres qui ont pu décrocher un CAE, un CAES, qui ont pu décrocher cette aide au chômage partiel mais qui ont survécu, qui n’ont pas vécu pendant cette crise. Donc il est important de remettre à plat tout ça et de corriger ce qui doit l’être. »