Les prix à la pompe, bien plus bas au fenua qu’en Nouvelle-Calédonie ou dans l’hexagone. En novembre 2024 Polynésie française, le prix du litre d’essence à la pompe est de 155 francs, contre 165,8 francs sur le Caillou et environ 210 francs en métropole. Un paradoxe pour un territoire isolé et extrêmement dépendant des énergies fossiles. Et malgré les caprices des cours mondiaux, ces prix ne bougent que peu, maintenus par le gouvernement via un compte spécial crée en 1997 : le Fonds de régulation des prix des hydrocarbures (FRPH).
Ce fonds, qui permet d’amortir les écarts de prix, est alimenté essentiellement par des subventions du Pays. À partir de 2025, le gouvernement Brotherson veut modifier son financement, en fléchant directement certaines taxes sur les hydrocarbures vers ce compte spécial. Pour l’année à venir, les recettes de ces taxes sont estimées à plus d’1,6 milliard de francs, auquel s’ajoutera une subvention de 365 millions de francs.
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L’objectif du ministre de l’Économie et des finances Warren Dexter est de rendre ce compte spécial auto-suffisant. Une méthode qui pose un souci de transparence et de répartitions des recettes, alerte l’opposition, qui estime que ce mode de financement pourrait pérenniser un dispositif au bilan énergétique contestable. « Le fait d’affecter des taxes directement au FRPH va occulter le débat, dénonce le représentant non-inscrit Nuihau Laurey. Le gouvernement alimente directement le fond, et du coup, sur cette dotation, ce fond de régulation des hydrocarbures qui pose beaucoup de problèmes en termes de transition énergétique (…) Nous, on a souhaité que l’argent soit utilisé pour faire baisser davantage les taxes, notamment pour les jeunes ménages qui achètent, pour faire baisser le coût de la vie » .
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« C’est une méthode qui permet au gouvernement de maintenir les prix de l’essence et du fioul, donc d’agir sur le prix de l’électricité. Mais effectivement, ce n’est pas très sain pour le pays. Ce qui est sain, c’est de répercuter les prix » , ajoute l’ancien président et représentant Tapura Édouard Fritch.
Appliquer les vrais prix à la pompe, c’est justement ce qu’envisage le ministre de l’Économie en charge de l’énergie, à l’horizon 2026, via un système d’aides fléchées, y compris pour l’essence. « L’idée est de mettre fin à ce système de régulation des hydrocarbures pour libéraliser les prix. C’est-à-dire, la pompe, on suivrait vraiment l’évolution du prix du carburant au niveau international, prévoit-il. Après, il y aurait la carte de pouvoir d’achat (…) pour les personnes qui ont vraiment besoin d’être aidées (…) Aujourd’hui, la plupart des aides ne tiennent pas compte des niveaux de revenus des personnes et des entreprises. C’est un discours que je vais mettre en application » .
En réflexion, le dossier ne devrait toutefois pas s’ouvrir de sitôt. Car en 2025, le ministère de l’Économie s’attellera à un autre gros chantier, celui du dispositif des PPN (produits de première necessité).