D’abord la fermeture des ports, puis celle de l’espace aérien. Victime collatérale, l’économie bleue essuie les conséquences en cascades du confinement. Le tourisme qui pèse 40% de ses activités l’entraîne dans sa chute vertigineuse. Le chiffre d’affaires des activités nautiques en particulier tombe à zéro. « Là où on est le plus inquiets, c’est par rapport aux charters nautiques. Ce sont des gens qui louent des bateaux à des touristes qui arrivent par avion. Donc là, on sait que l’impact de cette crise va être terrible » explique Stéphanie Betz, présidente du syndicat des activités nautiques.
L’arrêt brutal des rentrées d’argent a pris tout le monde de court. « Les pertes de chiffres d’affaires sont énormes. C’est de l’ordre de plus de 75% de baisse d’activité, alors que les charges fixes des entreprises restent au même niveau » déclare Gérard Siu, président du cluster maritime de Polynésie française.
La pêche hauturière et l’aquaculture prévoient un recul de 75% de leur activité en avril. Quant à la perliculture, elle accuse une chute d’au moins 50% de ses ventes qui se traduit, pour certains exportateurs, à un arrêt total des commandes. Même constat pour le transport maritime dont le chiffre d’affaires est divisé par deux, à l’instar de l’Aranui, contraint de se contenter du fret. « Il faut savoir que l’on fait des voyages à perte. (…) La part de l’activité en chiffre d’affaires représente à peine 25%, et la croisière représente 75%. D’ailleurs, le 12 mars, on a mis plus de 90 personnes en congé. Elles vont être en suspension de contrat de travail et auront un revenu solidaire » nous dit Philippe Wong, armateur de l’Aranui.
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Le cluster est d’autant plus inquiet que certaines activités comme l’aquaculture, la pêche, ou l’équipement navale ne sont pas considérées comme prioritaires. Si l’organisation salue le classement du thon en PPN ou le revenu solidaire, elle appelle encore à une baisse des charges pour mieux encaisser le choc et surtout préparer la relance. « Nous avons, en fait, tous les atouts pour pouvoir démarrer et se baser sur cette économie interne, locale, et de pouvoir la dynamiser. Déjà, c’est un premier pas. C’est ce qu’il faut commencer pour pouvoir aujourd’hui tirer sur la consommation locale. On a des moyens, on a la possibilité de se relever. Il faut se relever. On n’a pas d’autre choix » précise Gérard Siu. Une reprise qui s’annonce difficile, mais pas impossible.