La fédération générale du commerce (FGC) a décidé de s’attaquer à la liste des produits de première nécessité (PPN). Un recours en annulation a été engagé contre l’arrêté du 23 mars 2023 qui fixe la liste des PPN. « C’est une liste qui a été fixée par les précédents gouvernements sans aucune concertation avec les commerçants et qui a été imposée, comme ça, et découverte le jour de sa publication le 31 mars », explique l’avocat de la fédération, Me Millet.
Objectif de la FGC : « repréciser et remettre en conformité la liste des Produits de première nécessité ». La fédération estime en effet que certains produits ne devraient pas faire partie de la liste. Au total, ce sont 10 produits qui sont remis en cause parmi lesquels le rumsteck et le thon rouge : « Vous avez aujourd’hui le rumsteck qui est PPN et également l’entrecôte. Il semble que l’un ou l’autre aurait largement suffi. C’est le genre de débat qui va s’engager devant le tribunal, produit par produit. (…) Il y a le thon rouge également, dès lors que le thon blanc est déjà PPN, il apparait logique de considérer que le thon rouge n’est pas nécessaire à la vie quotidienne également ».
Par ce recours, la FGC souhaite aussi questionner le gouvernement sur la pertinence du système de contrôle des prix qui, selon Me Millet, « coûte entre 2 milliards et 2,5 milliards de francs au Pays chaque année ».
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Pour la FGC, il serait plus opportun de mettre en place des aides sociales ciblées. « En faisant un rapide calcul avec une évaluation à 2,5 milliards par an, on constate qu’on pourrait donner 10 000 francs d’aides sociales par mois à 20 000 foyers en Polynésie française qui en auraient véritablement besoin et là, il y aurait un véritable impact. Donc, je pense que c’est un vrai débat qu’il faut avoir avec ce système de contrôle des prix qui a montré ses limites dans un contexte international d’inflation où on voit qu’on ne peut pas contrôler les prix, on ne peut pas les maintenir à la baisse. On peut seulement intervenir sur la marge mais qui, finalement, n’est pas ce qui va impacter réellement le prix puisque le prix va être impacté par le prix fournisseur, son prix d’importation qui n’est pas contrôlé localement. »
Les commerçants relèvent que le système actuel profite à tous et pas uniquement aux personnes en difficulté. « On a un système complètement aveugle qui permet aujourd’hui à un directeur d’entreprise, à un ministre, à un avocat, de s’acheter une entrecôte sponsorisée pour faire son barbecue le week-end. C’est ça, le système des PPN, aujourd’hui. Je pense qu’il faut réfléchir aux limites de ce système et le remettre sur quelque chose de plus cohérent, de plus équitable, avec une aide sociale ciblée, cette fois-ci, sur les personnes qui en ont réellement besoin. »
La FGC abordera ce sujet lors d’une prochaine rencontre avec le nouveau ministre de l’Économie, Tevaiti-Ariipaea Pomare.