Les dispositifs de sauvegarde de l’emploi divisent les syndicats

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Une nouvelle rencontre tripartite a eu lieu mardi, à l’invitation du gouvernement, entre les représentants des salariés et du patronat. Cette troisième rencontre était dédiée aux mesures d’aide à destination du monde économique, notamment dans le secteur du tourisme, très impacté. Mais à l’issue de ces discussions, les représentants des salariés ont exprimé leur profond désaccord avec les autorités. Ils envisagent des actions.

Publié le 21/05/2020 à 9:44 - Mise à jour le 22/05/2020 à 11:06

Une nouvelle rencontre tripartite a eu lieu mardi, à l’invitation du gouvernement, entre les représentants des salariés et du patronat. Cette troisième rencontre était dédiée aux mesures d’aide à destination du monde économique, notamment dans le secteur du tourisme, très impacté. Mais à l’issue de ces discussions, les représentants des salariés ont exprimé leur profond désaccord avec les autorités. Ils envisagent des actions.

Les dispositifs DiESE (Dispositif exceptionnel de sécurisation de l’emploi) et DESETI (Dispositif de sauvegarde de l’emploi des travailleurs indépendants), créés par la loi du Pays du 27 mars 2020, ont été adoptés par arrêtés en conseil des ministres ce mercredi 20 mai.

Ces systèmes se substituent aux précédents que sont le Revenu Exceptionnel de Solidarité et l’Indemnité de Solidarité, conçus pour soutenir les salariés et les entrepreneurs indépendants dont les entreprises ont dû cesser temporairement leurs activités du fait du confinement.

Le DiESE, lui, a vocation à soutenir les entreprises dont les activités ont été réduites, par une aide financière du Pays permettant de compenser partiellement la perte de revenu des salariés impactés par la réduction du temps de travail. Une réduction du temps de travail qui peut aller jusqu’à 90%. Un montant plancher de 90 000 Fcfp a en outre été introduit par le conseil des ministres. Montant qui représentera le minimum, après réduction du temps de travail, de ce qu’un salarié pourra percevoir.

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Le DESETI, lui, a été créé pour compenser la perte de revenus des travailleurs indépendants contraints de cesser temporairement leur activité du fait de la crise. Le montant mensuel alloué au titre de ce dispositif sera de 50 000 Fcfp.

Ces deux dispositifs sont lancés sur une durée de 6 mois à compter de ce jeudi 21 mai et jusqu’au 30 novembre 2020. La plateforme de déclaration de ces deux dispositifs sera opérationnelle dès lundi 25 mai sur net.pf.

« Le système de réduction du temps de travail : 90%, ça veut dire que le patronat paie les 10%, et à partir de là, il peut bénéficier de tout cela. Les syndicats ne peuvent pas être d’accord là-dessus ! », indique Patrick Galenon, secrétaire général de la CSTP FO. « C’est un dû, les congés. Alors quand on entend la direction du Travail évoquer un plan social, et lorsque c’est réglé, les salariés peuvent bénéficier de 55 000 Fcfp par mois… On ne va pas loin avec ça ! Ça veut dire qu’on crée la précarité et la pauvreté. Ça permet à certaines sociétés de mettre en danger définitivement des salariés. Ce genre de système, comment voulez-vous que les salariés puissent l’accepter ? »

Autre point litigieux d’après le syndicaliste : « Comment se fait-il que pour les salariés on tourne autour de 55.000 Fcfp, pour les patentés, c’est 61.000 Fcfp. C’est quoi la différence ? On ne sait pas ».

La CSTP/FO mènera-t-elle des actions ? « Oui », assure Patrick Galenon. « On veut assécher la CPS ! »

Le secrétaire général d’un autre syndicat, O oe to oe rima, Atonia Teriinohorai, ajoute : « Quelqu’un qui touchait 100.000, aujourd’hui il va toucher 90.000 Fcfp. Donc on n’a pas gagné. Et avec ça, on ne peut pas vivre ! Même si c’est exonéré de taxes ! Et ça, ce sera encore un autre problème à la CPS. Pour moi aujourd’hui, on ne peut pas survivre avec ce niveau d’aides ! »

Atonia l’assure : « Si ces textes passent, on fera un recours pour que les salariés puissent bien vivre. C’est ça mon inquiétude aujourd’hui. S’il n’y a pas de rencontres, ce que j’ai compris, c’est qu’ils veulent mettre déjà les salariés en licenciement économique, rénover les hôtels, avoir la défiscalisation… C’est ce qui importe aux patrons ! Mais les salariés, ils n’en ont rien à faire. Ça fait des années qu’on mange sur le dos des salariés. Il n’y a rien de solide pour eux. Si on avait une caisse de chômage, les salariés pourraient se retourner. »

Le leader de O oe to oe rima poursuit : « Moi je vais rencontrer mes délégués syndicaux et on va mûrir une action. J’envisage d’occuper les hôtels, comme ça on va pouvoir discuter avec les directions. » Dans son viseur, « le groupe Intercontinental. Ils ont déjà proposé leur projet. A Moorea aussi. J’irai rencontrer tout le monde. On ne va pas laisser les choses comme ça. Moi, ce que je déplore, c’est que l’Etat ne joue pas le jeu. Ils laissent pourrir. Ils ont bougé pour les petits hôtels mais pour les grands ils ne vont pas se mobiliser. Ce sont toujours les grands hôtels qui morflent. Il faut arrêter à un moment ! »

Patrick Galenon va dans le même sens : « On va certainement se rencontrer et être solidaires de cette action. Mais c’est malheureux d’en arriver là ».

De son côté, le gouvernement précise, dans un communiqué, que les principales demandes et propositions faites lors des consultations par les organisations syndicales ont été entendues et intégrées dans les dispositions présentées par la ministre du Travail en conseil des ministres.

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