Les entreprises du fenua retrouvent leur niveau d’activités d’avant crise. C’est également le cas au tribunal mixte de commerce de Papeete, où l’on note une forte reprise de l’activité juridictionnelle, dont une augmentation notable des liquidations judiciaires. Sur une période de 8 ans, le nombre de redressements et de plans de continuation diminue, alors que celui des liquidations prononcées est, lui, à la hausse. Entre 2021 et 2022, il est ainsi passé de 58 à 144.
« Il y a eu une activité de plus en plus importante, après la parenthèse Covid, au cours de laquelle les activités juridictionnelles se sont ralenties avant une reprise forte des redressements, des liquidations judiciaires et des saisines du tribunal. On a donc beaucoup travaillé l’année dernière et, cette année, c’est la confirmation. On travaille de plus en plus. Je pense qu’on va reprendre les chiffres de défaillances d’entreprises que nous connaissions avant l’épisode Covid. On revient à un niveau assez élevé », constate le président de la juridiction, Christophe Tissot.
Selon le magistrat, l’une des explications vient du fait, qu’auparavant, les chefs d’entreprises « passaient par une phase de redressement, de soutien de l’entreprise ». « Mais on se rend compte que ça devient de plus en plus difficile et, très rapidement, on passe à la liquidation judiciaire, voire on va immédiatement en liquidation judiciaire. Ça s’explique par le fait que les chefs d’entreprises nous saisissent trop tard, lorsque la situation est trop compromise. À ce moment-là, on ne peut plus rien faire pour les aider », déplore-t-il.
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Pour être chef d’entreprise, « il faut savoir gérer »
Le magistrat rappelle que la juridiction a également un rôle de conseil et d’accompagnement auprès des chefs d’entreprises qui la saisissent. Il attire notamment l’attention des patrons de petites structures, principalement concernés par ces défaillances. Et ces dernières ont un coût. L’année passée, les liquidations judiciaires ont laissé un passif non recouvré de plus d’1,5 milliard de francs.
« Le problème, aujourd’hui, c’est que ça ne suffit pas, pour être patenté ou chef d’entreprise, d’avoir une qualité, un don. Il faut aussi savoir gérer. Et, malheureusement, nos patentés, les petits chefs d’entreprises, n’ont pas le temps, et pas non plus toujours les compétences, pour se lancer dans la gestion, la comptabilité. C’est une difficulté qui est irrémédiable lorsque les premières difficultés arrivent. Quand une grande entreprise a des difficultés, elle se tourne vers son avocat, son expert-comptable. Elle a des soutiens. Alors qu’un petit chef d’entreprise se retrouve tout seul », ajoute Christophe Tissot.
En 2023, le nombre d’entreprises défaillantes devrait encore augmenter. Des chiffres qu’il faudra toutefois mettre en parallèle avec le nombre de créations de sociétés, qui tendait à la hausse entre 2021 et 2022.