La machine touristique redémarre au ralenti à Fakarava. Sans électricité pendant une semaine, certaines pensions de famille de l’atoll ont vu leur activité mise à mal.
Dans la pension Tokerau de Gahina Bordes, les clients ont été servis à la lampe frontale le 1er soir de la panne. Les équipements solaires n’ont pas suffi à combler le besoin en énergie. « Tout marche à l’électricité. Il faut forcément des pompes, que ce soit pour l’eau et la station d’essence qui n’avait pas assez d’énergie, déplore-t-elle. Il fallait palier à cette situation : même si on avait des groupes de secours, si on ne pouvait pas alimenter ces pompes, on se serait retrouvés sans électricité » … et donc sans moyen de travailler.
Sans électricité, impossible d’accueillir de nouveaux touristes, et des séjours ont dû être remboursés. Pour tenter de démarrer un groupe électrogène avec un peu plus de carburant, Gahina a même siphonné son véhicule. Une méthode de repli toutefois insuffisante pour faire tourner le système d’alimentation en eau de la pension.
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Il a donc fallu compter en dernier recours sur la solidarité des voisins, qui s’est mise en place rapidement. « Ils m’ont permis d’avoir une connexion, de venir avec leur groupe qui était plus puissant pour m’envoyer un petit peu d’eau » , souffle Gahina.
Un black out partiellement rétabli par EDT
Le courant a été rétabli à 70% par les équipes d’EDT, ce lundi. Mais la plupart des professionnels du tourisme ne s’attendait pas à ce que la coupure dure aussi longtemps. En pleine saison touristique, les conséquences de ce black-out de plusieurs jours sont lourdes pour plusieurs pensions.
« Certains ont perdu la totalité de leur marchandise, explique la présidente de l’association Nohoariki Lenick Tau. Il ne faut pas oublier que l’on est en haute saison en ce moment. Les pensions de Fakarava sont remplies à 95%. Avec les annulations, c’est une grosse perte » .
La production de l’unique écloserie de nacres du fenua a failli être perdue entièrement. À défaut de courant, tout le système d’oxygénation et d’alimentation en eau de mer des bassins a été coupé. Face au risque de se voir perdre tout son travail, la jeune directrice de l’écloserie Anna Marissal a improvisé une solution de secours.
« J’ai bricolé quelque chose pour arriver à pomper un peu d’eau de mer sur le platier et avoir de l’eau propre pour les larves, sans qu’elles aient de l’air » . Un système B qui exige qu’elle effectue des allers-retours incessants entre le lagon et sa culture, ce qui la met à rude épreuve. « J’ai eu de l’eau propre, mais je devais aller toutes les trois heures sortir mes nacres de l’eau pour qu’elles s’oxygènent un peu, les replonger dans l’eau, brasser avec les mains, y compris la nuit, pour essayer de ramener un peu d’oxygène… » .
Sur l’atoll, le long black-out semble avoir provoqué un déclic. La population s’est largement retournée vers les panneaux solaires, et envisage de nouveau à se préparer avec des groupes électrogènes de secours.