260 000 touristes : une hausse de 12% sur un an et des records de fréquentation pour l’industrie moteur du fenua. L’année a également été marquée par l’ouverture de nouvelles dessertes vers les îles Cook, les îles Fidji, ou encore la reprise des rotations vers le Japon.
Seul ombre au tableau : un conflit, en juillet, au sein d’Air Tahiti Nui qui va durer 9 jours et bloquer plusieurs centaines de voyageurs. La compagnie au tiare sera obligée de mobiliser en urgence 200 lits Picots du plan Orsec, pour prendre en charge une partie des visiteurs.
Pas de quoi, pour autant, impacter le boom du secteur. Dans cet élan, le PIB retrouve son niveau d’avant crise. La masse salariale augmente et les recettes fiscales affluent au profit, notamment, de la CPS.
– PUBLICITE –
« Aujourd’hui, l’équilibre, il existe au regard du nombre de travailleurs cette année. C’est le plus haut taux qu’on ait jamais eu depuis 2008 », se félicitait, au mois de juillet, le ministre de la Santé Cédric Mercadal, « on a vraiment des taux de rendements de cotisations qui sont plus importants que ceux qui étaient prévus en début d’année ».
De quoi conforter la décision du gouvernement : celle de compenser sur fonds propres la suppression de la TVA sociale dès le 1ᵉʳ octobre. Mais derrière ces chiffres radieux, la Polynésie reste le deuxième territoire d’outre-mer où la vie est la plus chère. Et si l’inflation marque le pas en 2023, les prix des produits alimentaires, notamment, restent 16% plus élevés qu’en 2021 et le début de la crise inflationniste.
« Ce qu’on observe actuellement, c’est une hausse de l’emploi. Donc, la masse salariale distribuée augmente. Le revenu global des ménages augmente, mais le pouvoir d’achat individuel diminue en moyenne par salarié, parce que les prix augmentent plus vite que les salaires », soulignait, en juin, Nadine Jourdan, la directrice de l’Institut de la Statistique en Polynésie.
En parallèle, les taux d’intérêts atteignent 4 à 4,5%. Des taux dissuasifs qui ont fait plonger de 40% la production de crédits des banques. « Le coût de la construction, accentué ici par le coût des transports, a bondi ces 6 à 9 derniers mois. Associé à la hausse des taux, cela a réduit le pouvoir d’achat immobilier des consommateurs de 20 à 25% », constatait, en juin, le président du comité local des banques, Frédéric Panigot.
À ce contexte s’ajoute le ralentissement des grands projets, à l’instar du Village Tahitien. La signature des promesses de bail en début d’année avec des investisseurs locaux, pour un total de 60 milliards de francs, avait pourtant donné aux entreprises de belles perspectives.
Le secteur du BTP est de ce fait fragilisé. En témoigne la liquidation, le 26 juin, de la société Interoute, laissant une centaine de salariés sur le carreau.
Les annonces de la réforme fiscale qui prévoit de nouvelles taxes pèsent également sur les entreprises. Comme ce nouvel impôt sur les bâtis de plus de 50 millions de francs. Prises au dépourvu, les organisations patronales dénoncent une rupture de confiance.
« On n’a pas été sollicité, pas toujours été écouté, et, aujourd’hui, on nous soumet un projet applicable dès la fin de l’année. On change les règles du jeu en cours de route. Les entreprises en Polynésie, c’est 30 000 patentés (…) mais ce ne sont que de petites entreprises. Celles-là n’auront pas les moyens de payer, par exemple, la taxation sur le bâti à plus de 50 millions », soufflait, en ce mois-ci, Thierry Trouillet, représentant de la Fédération Générale du Commerce.
Si certains textes ont été ajournés, le reste de la réforme a été adopté le 13 décembre. Preuve que les entreprises se préparent à un impact économique en 2024 : les prévisions d’investissements sont en retrait au troisième trimestre, selon le dernier bulletin de l’IEOM.