Taxation des produits sucrés : pour Bruno Bellanger, « il y aura un impact sur l’emploi »

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Depuis le 1er janvier, le taux de TVA des produits soumis à la TCP est passé de 5 à 16%. Les prix en magasin augmentent mais l'impact financier pour les entreprises reste encore flou. TNTV s'est entretenu avec Bruno Bellanger, président du syndicat des industriels de Polynésie française et directeur général de la Brasserie de Tahiti.

Publié le 08/01/2025 à 11:47 - Mise à jour le 08/01/2025 à 11:54

Depuis le 1er janvier, le taux de TVA des produits soumis à la TCP est passé de 5 à 16%. Les prix en magasin augmentent mais l'impact financier pour les entreprises reste encore flou. TNTV s'est entretenu avec Bruno Bellanger, président du syndicat des industriels de Polynésie française et directeur général de la Brasserie de Tahiti.

TNTV : Depuis le 1er janvier 2025, le taux normal de TVA est appliqué sur les produits sucrés, produits soumis à la TCP. Quel impact sur la Brasserie de Tahiti ?
Bruno Bellanger, président du syndicat des industriels de Polynésie française et directeur général de la Brasserie de Tahiti : « C’est clair qu’une augmentation de 11 %, puisque la TVA est passée de 5 à 16 % sur une majorité de produits, va avoir un impact. Quel est-il aujourd’hui ? Je ne peux pas le dire.
Toutes les hausses fiscales ont un impact à court terme. Vous augmentez le tabac, pendant deux mois, les gens prennent de bonnes résolutions, ils fument moins ou ils arrêtent de fumer. Et après, ce sont les habitudes et l’envie qui prennent le dessus. Généralement, ce qu’on observe, c’est que sur trois ans, il n’y a pas de baisse. Par contre, ce qu’on ne sait pas, c’est à court terme, ce que va être la baisse et quel va être son impact sur le marché. »

TNTV : Comment est-ce que vous vous organisez, justement, pour appliquer cette modification ?
Bruno Bellanger : « Ça s’est préparé, suivant comment les gens sont équipés, mais la Brasserie de Tahiti est bien équipée en matière informatique et en logiciel. Donc ça, c’est relativement simple.
Moi, j’en veux un peu au gouvernement de ne pas avoir tenu compte de certains arguments des professionnels locaux, des producteurs locaux, qui, eux, pour s’adapter à cette nouvelle réglementation, vont devoir soit changer leur formule et donc faire des essais, soit jeter des emballages sur lesquels l’étiquetage et des spécifications sont déjà écrits et donc devront être modifiés, soit convaincre d’éventuels licencieurs de modifier leur formulation. Ça, ça ne se fait pas en un claquement de doigts et ça peut coûter très cher.
Un importateur, lui, il va simplement choisir le produit A à la place du produit B. Donc sa réactivité est bien, bien, bien plus forte.
Et un producteur local, il a ses salariés qui sont sur la partie production, qui n’existe pas par rapport à des importateurs. Et donc, il y a une double sanction qui est faite.
Si demain, la production locale vient à fortement baisser par cette distanciation de concurrence, il y aura un impact sur l’emploi et un impact sur la PSG. Et ce que je ne comprends pas, c’est que le gouvernement a fait le choix de faire peser au deux tiers, à 66 %, la pression fiscale sur les producteurs locaux qui vont payer 1,6 milliard des 2,4 milliards. »

TNTV : Le risque sur l’emploi, est-ce qu’on peut développer ?
Bruno Bellanger : « Il peut exister à court terme. J’espère qu’à long terme, il sera amoindri, mais à court terme, il peut exister. Imaginons que des importateurs importent tout de suite des produits qui plaisent aux consommateurs et qui sont à des niveaux de sucre bien inférieurs. Le temps que la production locale se mette au diapason, parce qu’il faut convaincre les licencieurs, parce qu’il faut changer les emballages, parce qu’il faut tester différentes formulations, ça ne se fait pas en claquement de doigts, ça peut avoir un impact, oui. »

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Stéphane Gay, président du syndicat des bars et dancings de Polynésie française

« C’est une bonne décision parce que ça peut aider pour la santé, mais c’est pénaliser les gens. Il serait peut-être intéressant de se pencher aussi, sur la possibilité d’enlever la TVA sur les produits sains ? Peut-être que ça serait une bonne motivation générale pour tout le monde. »

Bruno Bellanger : « Alors, il y a deux problèmes. Le premier problème, c’est qu’est-ce qu’un produit sain ? Et le deuxième problème, c’est que de toute façon, le gouvernement charge de recettes fiscales. On le voit bien, les 15 derniers jours, il y a une activité à l’Assemblée qui est assez tournée vers la recette fiscale. J’ose espérer que le choix des produits, quand on les met en PPN, en tout cas les produits alimentaires, il y a un côté sain qui est pris en compte. »

TNTV : On revient sur la prévention. Est-ce que vous pensez qu’aujourd’hui, le budget consacré à la prévention est suffisant ? Est-ce que la prévention est suffisante aujourd’hui ?
Bruno Bellanger : « Elle n’est pas très visible. Elle a été plus visible à la création de la TCP quand la TCP était fléchée.

TNTV : Et aujourd’hui ?
Bruno Bellanger : « La TCP n’est plus fléchée, donc le budget n’est plus si visible. »

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