Après deux années blanches, le Salon de l’habitat renaît au parc expo de Mamao. Une « édition spéciale innovation », indique l’organisatrice de l’événement, Jennifer Pontini. « On s’est rendus compte qu’il y avait énormément d’innovation dans beaucoup de secteurs, l’énergie solaire, au niveau de l’assainissement ».
Pendant quatre jours, le grand public pourra profiter de l’expertise d’une centaine d’exposants, que ce soit dans le BTP mais aussi pour de la décoration d’intérieur. « On a essayé surtout de proposer un maximum de corps de métier », explique Jennifer Pontini. « L’idée c’est que les gens puissent venir sur le salon avec des projets de construction, de rénovation et puissent trouver tous les produits possibles ». Un espace conférence est également disponible, avec des intervenants tels que l’OPH, partenaire de l’événement.
Une édition spéciale certes mais tout de même impactée par l’inflation. Stéphane Naras est fabricant de menuiserie aluminium. Il reconnaît avoir dû augmenter ses prix pour faire face à la situation : « on manque beaucoup de matière première, que ce soit sur l’aluminium mais aussi tout ce qui est poudre de laquage, les accessoires. Les délais de fabrication sont beaucoup plus lents. Moi j’importe tous mes produits de France et bien évidemment, en ce moment on connaît des hausses […] tous les deux mois minimum depuis un an et demi, deux ans ». Pour éviter que le pouvoir d’achat du consommateur ne soit réduit davantage, Stéphane est obligé d’absorber en partie cette hausse des prix. « On baisse nos marges », lâche-t-il non sans difficulté.
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Même résignation pour Franck Guillot, spécialisé dans l’import de toiture tropicale en résine synthétique. Si en septembre dernier, avec l’augmentation du fret maritime « de l’ordre de 40% », le chef d’entreprise a pu « imputer cette différence en partie sur le prix de vente et en partie sur [sa] marge », 2022 s’avère beaucoup plus sombre. « On nous annonce, sur le fret maritime, des containers qui vont tourner autour de 23 000 à 24 000 dollars, et c’est impossible pour nous quand ça vient du Canada », renchérit Franck. « Il va falloir qu’on répercute une grosse partie sur les prix de vente ». D’autant plus qu’ « avec la TVA sociale qui s’annonce, qui répercute sur le transitaire, le distributeur et le revendeur, on est parti pour une inflation galopante. […] On va arriver à un moment où les clients diront ‘on ne peut plus payer' ».
Autre sujet de préoccupation, notamment pour les jeunes ménages, les difficultés d’accès à la propriété avec la flambée des prix de l’immobilier et du foncier. Alors que « pour les constructions qui sont réalisées avec les organismes de logement sociaux, on a des prix d’acquisition […] entre 8 millions et 18 millions de Fcfp », indique le ministre du Logement, il est « vrai que dans le domaine du logement libre, c’est beaucoup plus élevé. Il n’y a pas d’encadrement », reconnait Jean-Christophe Bouissou. « Donc ce qu’il faut que le Pays réalise pour permettre aux gens d’accéder à la propriété, au moins au foncier, c’est de dégager tout le patrimoine foncier en tout cas au niveau du Pays pour permettre la viabilisation et l’accession à la propriété avec un soutien financier du Pays ».
Le salon est ouvert jusqu’à dimanche 27 mars inclus. Prochain rendez-vous lors de la foire d’octobre où un espace sera entièrement dédié à l’habitat.