« Nous n’avons pas le droit à l’erreur » assène Edouard Fritch, président du pays à la presse cet après-midi. « Une seconde vague serait insupportable pour l’activité économique et sociale de ce pays, elle placerait notre économie en faillite. Voilà pourquoi nous devons être rigoureux. » C’est que 1 000 Polynésiens sont encore coincés en France. A ceux-là s’ajoutent près de 1 500 personnels expatriés, des fonctionnaires, qui doivent prendre leur fonction sur le fenua d’ici fin juillet.
Alors que « tout est mis en oeuvre pour leur rapatriement », la cellule de crise sanitaire a élaboré des critères de priorité, avec une consigne en particulier : « qu’il n’y ait pas de favoritisme » insiste Edouard Fritch. Interpellé sur cette question par la député Nicole Sanquer à plusieurs reprises, les critères placent bien entendu en tête de file les retour d’evasans, suivi de leurs accompagnants, dont une poignée de professionnels de santé.
Viennent ensuite les personnes en difficulté médicale (handicapé, malade, enceinte) ou en grande précarité financière. « Il est clair qu’il faut ramener tout le monde, mais c’est logique qu’on ramène d’abord ceux qui sont coincés là-bas et qui n’ont plus rien, indique Maina Sage, députée. S’il y a un tri, il doit se faire sur les priorités, à commencer par les vulnérabilités, les personnes en situation précaire, les mineurs, les personnes âgées, ou en longue maladie. »
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Si le gouvernement fait état d’une capacité d’accueil de 346 chambres, soit 770 lits répartis dans différents lieux, il se heurte plus que jamais à la contrainte de l’accueil et de la logistique. Solution « idéale », le confinement à domicile est complètement écarté compte tenu du risque. Or, l’affrètement d’un vol spécial avec 150 personnes à bord, comme l’exhorte Nicole Sanquer, suppose de pouvoir garantir une quatorzaine stricte de tout ce monde. Dans un communiqué, la cellule de crise sanitaire rappelle que « l’immense majorité des cas positifs sont importés ».
Mais le dispositif de mise en confinement obligatoire pendant 14 jours a également un coût, entièrement à la charge du Pays. Entre l’hébergement, les repas, la blanchisserie, et les tests, il représente en moyenne 310 000 Fcfp par personne, soit plus de 20 000 Fcfp par jour selon la cellule de crise sanitaire. Alors qu’une cinquantaine de personnes ont déjà bénéficié des deux premiers vols, la facture s’élève aujourd’hui à plus de 15 millions de Fcfp. Une facture qui serait certainement plus salée si l’hébergement devait se faire à l’hôtel. Pour autant, des discussions sont en cours entre le Pays et l’État sur l’éventuelle réquisition d’un établissement hôtelier pour une capacité d’environ 300 chambres.