Attaque de requin à Arue : un incident qui « ne peut pas être attribué au shark-feeding »

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Dimanche après-midi, une jeune femme a été attaquée par un requin alors qu'elle prenait un cours de kitesurf en face de l'hôtel Tahiti by Pearl Resort à Arue. Une morsure qui serait probablement territoriale et ne serait en tous les cas aucunement liée au "shark-feeding" interdit en Polynésie depuis 2017, rappelle une chercheuse au Criobe de Moorea.

Publié le 30/05/2023 à 15:22 - Mise à jour le 31/05/2023 à 9:20

Dimanche après-midi, une jeune femme a été attaquée par un requin alors qu'elle prenait un cours de kitesurf en face de l'hôtel Tahiti by Pearl Resort à Arue. Une morsure qui serait probablement territoriale et ne serait en tous les cas aucunement liée au "shark-feeding" interdit en Polynésie depuis 2017, rappelle une chercheuse au Criobe de Moorea.

L’attaque s’est produite dimanche 28 mai dans une zone très fréquentée du public, lors d’un cours de kitesurf à la pointe du Taharaa, à une centaine de mètres du rivage. Le requin a mordu le fessier de la jeune femme au moment où le vent a levé sa voile. Il se serait accroché et aurait déchiré le bout de chair qu’il avait mordu.

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Clémentine Seguigne, doctorante en dernière année de thèse au Criobe Moorea, spécialiste du comportement des requins depuis 4 ans, précise qu’il existe plusieurs types de morsures : « Il existe 8 types de morsure et 99% de ces morsures ne sont pas destinées à prédater l’homme. En moyenne, il n’y a que 5 morsures de requin par an. Donc c’est très faible, et ce qu’il faut se dire, c’est que les morsures mortelles de prédation restent extrêmement rares. L’intention des requins, dans leur grande majorité, n’est pas de prédater l’homme. Et en Polynésie, il semble assez peu probable pour l’instant que nous ayons un individu à problème qui soit réellement instauré sur le territoire comme en Nouvelle-Calédonie ou à La Réunion ».

Une morsure territoriale privilégiée

La scientifique explique qu’il peut y avoir des morsures de compétition : « ce sont des morsures qui vont, notamment, arriver fréquemment sur des chasseurs sous-marins puisque le requin va vouloir déprédater la proie que va pêcher les chasseurs ». Mais également des morsures de maladresse : « des morsures qui sont beaucoup arrivées avant l’interdiction du nourrissage artificiel (depuis 2017, NDLR), puisque les personnes avaient tendance à nourrir les requins à la main, et il y avait une forme de maladresse, le requin mordait à la main en même temps que le poisson ». Ou encore des morsures territoriales : « cela pourrait être le cas pour ce qui s’est passé ce week-end. On n’en a pas forcément conscience, mais on rentre dans le territoire du requin qui va manifester une réaction purement territoriale« .

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En effet, l’hypothèse d’une attaque liée à la curiosité de l’animal reste peu probable, car elle n’entraine pas forcément une morsure : « la curiosité serait davantage problématique parce qu’effectivement, on ne peut pas complètement enlever l’idée d’une morsure d’investigation, mais dans ce cas, la question qui en découle pour le requin c’est ‘est-ce que ça se mange’, et ça, c’est vraiment un problème ». Et d’ajouter : « vu la taille de la morsure qui reste relativement superficielle, je ne pense pas personnellement qu’il s’agisse d’une morsure d’investigation et donc de curiosité ».

Un incident non lié au shark-feeding

Une chose est en tous les cas certaine, l’attaque du squale n’est pas liée à un éventuel shark-feeding de requins sur la zone : « Sur Tahiti, cet incident ne peut pas être attribué au nourrissage artificiel et il ne faut pas que les problématiques autour des requins enveniment des problématiques purement sociales ». Pour rappel, la pratique du shark-feeding est interdite en Polynésie depuis 2017.

« L’interaction entre hommes et requins doit nécessairement rester positive en Polynésie. (…) En plus de l’importance écologique, il y a l’importance culturelle. C’est vrai que parfois, il peut y avoir des interactions négatives avec les requins. Cela peut arriver pour plusieurs raisons. Il existe plusieurs motivations qui peuvent pousser les requins à mordre » rappelle la scientifique.

« On est l’une des dernières oasis mondiales en terme d’abondance de requins »

Clémentine Seguigne, chercheuse au CRIOBE

D’autant qu’en Polynésie, la population de requins se porte très bien : « L’abondance des requins en Polynésie tend à augmenter, notamment grâce à l’effet sanctuaire qui a été instauré par la Diren en 2006. C’est une excellente nouvelle pour la Polynésie que les requins se portent bien. Il faut être rassuré de l’augmentation de leur abondance puisque avoir des requins dans un système corallien, c’est avoir un système corallien qui fonctionne bien et qui est potentiellement très stable et très productif ».

Ce mardi, la commune de Arue a indiqué avoir pris un arrêté pour interdire la baignade et les activités sur l’eau. Des panneaux d’interdiction ont été posés.

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