Climat : « il faut une vision collective du futur » de la Polynésie estime le chercheur Alexandre Magnan

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Chercheur et membre du Giec, Alexandre Magnan est en Polynésie et participe cette semaine Forum de lancement du Plan Climat de la Polynésie française 2022-2030.

Publié le 05/07/2022 à 17:06 - Mise à jour le 05/07/2022 à 17:15

Chercheur et membre du Giec, Alexandre Magnan est en Polynésie et participe cette semaine Forum de lancement du Plan Climat de la Polynésie française 2022-2030.

3.6 milliards d’être humains déjà exposés aux conséquences du changement climatique. C’est un des constats du dernier rapport du GIEC le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.

Si les tendances actuelles se poursuivent, sur une hausse des températures d’au moins 1,5°C dès 2040. Or, au-delà de 2 °C, la vitesse de l’élévation du niveau de la mer pourrait atteindre 1cm/an en moyenne, et peut-être davantage dans le cas d’une
fonte rapide des calottes de glace au Groenland, et surtout en Antarctique.

Cette semaine à l’occasion du Forum de lancement du Plan Climat de la Polynésie française 2022-2030 (PCPF), l’ensemble des acteurs du Pays se réunissent jusqu’à vendredi pour partager leurs réflexions et propositions. Objectifs : réduire les émissions de gaz à effet de serre et s’adapter aux changements climatiques en cours.

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Chercheur et membre du Giec, Alexandre Magnan est en Polynésie et participe à l’événement. Selon lui, « ce qu’on voit à l’échelle mondiale est valable pour la Polynésie. Le constat en gros, pour être simple c’est : les risques climatiques augmentent et s’accélèrent. Et donc il y a un besoin absolument urgent de prendre des décisions et de faire de l’action pour réduire les conséquences sur les sociétés. Et effectivement, réunir des politiques autour de cette question-là pour savoir comment on planifie notre réponse à ce risque climatique qui augmente, c’est extrêmement important et c’est urgent et ça se passe maintenant en Polynésie. »

Les décisions d’aujourd’hui auront un impact sur ce que sera la Polynésie de demain. « On a encore des futurs très diversifiés devant nous. Selon si le monde continue à émettre beaucoup de gaz à effet de serre ou pas, on n’aura pas les mêmes futurs. On va avoir un futur quasiment ingérable si on continue à émettre des gaz à effet de serre en Polynésie comme ailleurs et là ça va être très difficile. On aura un futur un peu plus facile ou un peu moins difficile si tout le monde fait un effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le point principal important c’est que même une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle globale, tout le monde doit y participer, ce n’est pas qu’une affaire de grands pays développés etc. C’est une affaire collective. Même dans ce futur là, il y aura une partie des impacts qui seront inévitables. Et donc, les stratégies d’adaptation donc de réduction du risque climatique sont aujourd’hui incontournables parce que dans 50 ans, dans 60 ans, le territoire, le fenua d’aujourd’hui ne sera pas le même. Et pourtant il continuera à y avoir des habitants et comment vivre, comment aider à faire vivre ces habitants dans des conditions décentes tout simplement. »

En Polynésie, la production de gaz à effet de serre et liée en grande partie à deux phénomènes selon le chercheur du Giec : « Il faut aussi savoir que même en métropole par exemple, beaucoup des choses qu’on consomme sont produites ailleurs. Donc on a des effets d’éloignement même quand on est dans des endroits plus grands, plus vastes et plus intégrés à des continents. Mais effectivement, la Polynésie de part son éclatement territorial et son isolement océanique, a plus de besoins en termes d’importations par les bateaux, par les avions etc. On a aussi, ces 11 tonnes de CO2 par habitant c’est aussi lié aux modes de consommation. C’est-à-dire qu’on a des gros véhicules quand même quand on se ballade dans Papeete. On mange beaucoup de viande, on mange beaucoup de McDo, on a une consommation de produits électroniques. Tout ça, ça contribue à la production de gaz à effet de serre. Donc il y a une partie inerrante à la configuration de la Polynésie et il y a une autre partie liée aux modes de consommation en Polynésie comme ailleurs. »

Alexandre Magnan, chercheur et membre du Giec

Pour Alexandre Magnan, la première des mesures à prendre serait « d’arriver à faire en sorte qu’il y ai une vision collective du futur que vous voulez. On en parlait tout à l’heure : dans 50 ans, le fenua ne sera pas le même qu’aujourd’hui. À quoi pourrait ressembler ce fenua là et quel fenua on veut construire ? Vers quel chemin on veut aller ? Déjà se mettre d’accord sur cette vision là qui n’est pas présente aujourd’hui et qui est présente dans peu de territoire, je ne blâme pas la Polynésie. Mais quel est le futur qu’on veut et comment on veut y arriver ? Et après on va arriver à des questions plus techniques : la consommation, les modes d’aménagement du littoral etc. Mais déjà cette vision partagée, elle me semble nécessaire. On ne peut aller nulle part si on ne sait pas où on veut aller. »

Le chercheur note « un intérêt grandissant de la part des politiques publiques et des populations et des acteurs économiques à travers la planète, c’est évident. Ce qui est très intéressant en Polynésie c’est que peut-être que sa petitesse est une contrainte par rapport aux émissions de gaz à effet de serre, c’est aussi une grande chance parce qu’avec 280 000 habitants, on peut commencer à construire une vision commune partagée et arriver à faire quelque chose d’assez rapide. Et il y a beaucoup de choses qui se font sur le terrain aujourd’hui qui ressemblent beaucoup à de l’adaptation aux changements climatiques. et donc il y a quand même beaucoup beaucoup de points positifs en Polynésie pour lancer ces choses là mais l’intérêt est là et on a besoin qu’il grandisse et qu’il grandisse vite parce que les constats du Giec c’est que les risques climatiques s’accélèrent. »

Si l’on pourrait parfois être tenté de baisser les bras devant les prédictions des experts de l’environnement, Alexandre Magnan appelle avant tout à s’engager : « J’entends beaucoup de jeunes ou moins jeunes qui me disent « mais face à ce constat terrible du risque climatique on ne peut rien faire, c’est foutu. Ne baissez pas les bras parce que c’est vus les décideurs de demain et sans vous en fait ce sera pire demain qu’aujourd’hui. Donc ça ce n’est pas possible donc ne baissez pas les bras et engagez vous. »

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