En perliculture, la plupart des cordages sont composés de matière plastique. Du plastique qui se dégrade dans l’Océan, pollue environnement… mais pas seulement. Cette pollution entraine également une alteration de la qualité des perles. « Le platique se transforme en micro-plastique. Ça devient de la poussière et il y en a partout. Ça tue tout », explique Benoit Parnaudeau, porteur du projet.
Pour remédier à cela, une entreprise locale, Polyacht, s’est lancée dans la fabrication de cordages naturels, en fibre de coco. « Le président disait qu’il voulait diversifier les revenus des coprahculteurs. (…) On s’est dit, il y a la cocoteraie autour du lagon, on peut peut-être fabriquer des cordages avec la fibre de coco pour les mettre dans les fermes perlières. C’est de l’économie circulaire, c’est parfait. Voilà la genèse du projet. »
Le projet Cocorig a été finaliste du concours Tech4islands en 2020. Et l’année dernière en octobre, les porteurs étaient présents lors du Tech4islands summit, événement de l’innovation en Polynésie et dans le Pacifique.
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« Le nape c’est quelque chose de traditionnel, ancestral je dirais, malheureusement qui s’est un peu perdu«
Benoit Parnaudeau, porteur du projet Cocorig.
Pourtant, si l’idée est innovante, Cocorig s’inspire de techniques ancestrales. « Le nape (corde traditionnelle polynésienne, NDLR) c’est quelque chose de traditionnel, ancestral je dirais, malheureusement qui s’est un peu perdu. On s’en est rendu compte en allant aux Marquises pour rencontrer les producteurs. Aujourd’hui, le nape est juste fabriqué pour la bijouterie, les objets de déco alors qu’avant c’était ça le cordage. J’ai une dame qui m’a appelée et qui a du nape que son grand-père a fabriqué. Il l’a mis sur une chaise et le nape est à peine en train de s’effriter. Mais ce nape a 100 ans ! Un cordage Polyamide tient 4 ou 5 ans. Le bémol du nape c’est que ce n’est pas très solide. »
Le but de Cocorig est donc d’améliorer ce qui existe déjà ailleurs et de rendre les cordages plus solides dans le temps. « Le Pays a bien vu qu’il y avait quelque chose d’intéressant. Ils nous ont orienté vers les sources de financement qui sont le programme Protege porté par la direction des Ressources marines et la Communauté du Pacifique Sud. (…) On fait de la recherche pour essayer d’améliorer la qualité du cordage coco par rapport à ce qui se fait en Inde pour que ça tiennent plus longtemps dans l’eau de mer (…) Le secret c’est le ruissage, c’est-à-dire le fait de tremper dans l’eau. Traditionnellement ça se faisait ne serait-ce que pour rendre la bourre de coco plus souple. (…) On s’esr rendu compte que, comme pour le bambou, ça améliorait la qualité de la fibre. »
À terme, leur idée est de monter une véritable filière en Polynésie et de valoriser par la même occasion la bourre de coco. « Aujourd’hui, la bourre de coco n’est pas valorisée. (…) Alors que c’est vraiment une richesse. On peut faire plein de choses. »
Le projet est encore en cours, car la confection de cordages naturels nécessite des machines spéciales. Mais Cocorig devra tenir des délais. Les premiers échantillons doivent être présentés en mars et les premiers cordages en septembre à la communauté du Pacifique. Une initiative à suivre de près.