Un dispositif de concentration de poisson, comme son nom l’indique, a vocation à attirer les poissons. Il est constitué d’un petit radeau flottant qui se prolonge sous l’eau par des filets et cordages. Ces DCP dérivants sont massivement utilisés par les thoniers senneurs du monde entier. Des milliers dans le Pacifique Sud.
Il y a la problématique de l’impact sur les ressources halieutiques, rappelle Thibaut Thellier, chargé de projet à la Direction des ressources marines. C’est une pêcherie qui pêche principalement des juvéniles, de thons jaunes ou de thons obèses, alors qu’à la palangre on va pêcher des adultes et des poissons de belle taille« .
Le problème, c’est quand ces DCP dérivants entrent dans notre ZEE. Les pêcheurs étrangers n’ayant pas le droit de pêcher dans nos eaux, abandonnent ces dispositifs, peu coûteux. Ils désactivent la balise satellite qu’ils contiennent. Conséquence, ces DCP continuent leur dérive, coulent ou finissent échoués dans nos îles, aux Tuamotu notamment. Une pollution considérable.
– PUBLICITE –
« Ce sont des dispositifs qui, pour l’instant, ne sont pas du tout biodégradable, poursuit M. Thellier. Ils sont parfois maillants, c’est à dire qu’ils capturent par de la pêche fantôme des requins, des raies, des tortues… Piles, batteries, filets synthétiques, cartes électroniques se répandent sous l’eau, sur les coraux. Quand ils vont s’échouer sur les littoraux, ils vont présenter un impact sur le récif, puisque l’appendice en dessous du DCP casse les coraux et altère l’habitat« .
En 2021, la direction des Ressources marines a lancé un programme pilote pour recenser et récupérer ces DCP. Rien que sur 9 îles des Tuamotu, ils en ont trouvé 600… Pour Heremeoana Maamaatuaiahutapu, ministre des ressources marines, il est urgent de porter le sujet à un échelon international : »On ne peut plus accepter que d’être victimes de problématiques comme les DCP dérivants, parce que les grandes sociétés de pêche utilisent ces bateaux dans la zone internationale, martèle-t-il. Le problème, c’est nous qui l’avons, mais c’est eux qui mettent en place tout ce système de pêche impactant dans la zone internationale ».
Face à l’ampleur du phénomène, le ministre de l’Environnement tire la sonnette d’alarme et tente de sensibiliser les organisations régionales de gestion des pêches. Mais la mise en place d’une réglementation contraignante qui mettrait fin à ces milliers d’abandons annuels n’est pas encore à l’ordre du jour…