D’ici 2030, la Polynésie veut réduire de moitié ses émissions de gaz à effets de serre

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Présenté en juillet 2022, le nouveau Plan climat de la Polynésie se veut plus long que le précédent, mais surtout plus ambitieux, puisqu'il a pour objectif de réduire de moitié nos émissions de gaz à effets de serre. Pour y arriver, tout un panel d'actions devra ainsi être étudié et mis en place.

Publié le 27/10/2022 à 14:38 - Mise à jour le 13/11/2022 à 11:57

Présenté en juillet 2022, le nouveau Plan climat de la Polynésie se veut plus long que le précédent, mais surtout plus ambitieux, puisqu'il a pour objectif de réduire de moitié nos émissions de gaz à effets de serre. Pour y arriver, tout un panel d'actions devra ainsi être étudié et mis en place.


La Polynésie n’en est pas à son premier plan climat : de 2015 à 2020, le plan climat énergie avait pour objectif de réduire de 7% nos émissions de gaz à effet de serre. Résultat : elles ont augmenté de 6 à 7%. Un échec, « mais ce plan a permis d’initier des stratégies thématiques importantes comme le schéma directeur des transports, le SAGE (schéma d’aménagement général, NDLR), qui permettent d’initiver une politique climatique ambitieuse et cohérente, mais qui ne donnent pas des résultats à court terme » tempère Baptiste Sureau, référent du Plan climat de la Polynésie. Ce nouveau plan climat a pour objectif de mettre des actions qui ont des impacts forts à court terme pour que d’ici 2030, on ait des émissions de gaz à effet de serre à la baisse ».

Des actions qui se veulent opérationnelles : « On pourra évaluer par exemple, si on met un tramway en ville, combien de gaz à effets de serre cela peut nous permettre d’éviter. Chaque action devra être quantifiée, et quand on les additonnera, elles nous permettront d’atteindre l’objectif fixé collectivement ».

« C’est une planification, pour décarboner l’économie et s’adapter au dérèglement climatique »

Baptiste Sureau, référent du Plan climat de la Polynésie

Des plans climat existent déjà en métropole : « C’est obligatoire pour toutes les collectivités de plus de 20 000 habitants. En Polynésie, c’est un plan climat volontaire. Il y a une vraie volonté d’avancer sur le sujet, car il y a une prise de conscience que la Polynésie, et notamment les archipels des Tuamotu sont en première ligne face au changement climatique ».

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Lancé officiellement en juillet 2022, le nouveau plan climat est très ambitieux puisque d’ici 2030, la Polynésie devra avoir réduit de 50% ses émissions de gaz à effets de serre : « Le programe d’actions nous permettra soit d’atteindre cet objectif -et tout le monde est d’accord pour dire que ça va être un changement important dans les annés qui viennent, soit il faudra peut-être revoir à la baisse les ambitions ».

La Polynésie, mauvaise élève en matière de gestion des déchets

Les trois principaux secteurs d’émissions de gaz à effets de serre en Polynésie sont les transports, l’énergie et les déchets : « Il nous faudra des actions dans le domaine de la mobilité parce que c’est le secteur qui émet le plus de gaz à effets de serre en Polynésie. On peut penser à un renforcement des transports en commun, à une politique vélo qui favorise l’utilisation du vélo, à la marche à pied. On peut aussi penser au développement des énergies renouvelables avec les panneaux solaires, il y a le SWAC qui continue de se développer… En matière de gestion des déchets, il faudra des actions qui nous permettent de réduire les émissions liées aux déchets que l’on entreprose dans des décharges« .

Car au niveau du tri des déchets, la Polynésie a encore beaucoup de travail à faire : « On en produit trop et ils ne sont pas bien traités. Ils sont entassés dans des décharges où les émissions de méthane sont très importantes. On est l’un des territoires qui émet le plus de gaz à effets de serre dans le secteur des déchets. La climatisation crée aussi de la pollution. Il y a des gaz très puissants dans les climatiseurs, et une fois qu’ils sont hors d’usage, ils ne sont pas retraités. ils sont entreposés, et les gaz s’évacuent progressivement dans l’atmosphère ».

Une empreinte carbone aussi élevée que celle d’un métropolitain

En Polynésie, 60% de notre empreinte carbone est liée aux importations. Les 40% restants sont liés aux voitures, à la production de l’électricité avec les centrales thermatiques comme à la Punaruu. Une empreinte carbone aussi élevée que celle d’un métropolain et surtout supérieure à la moyenne mondiale : « C’est lié à la géographie de la Polynésie. On est éloigné de la plupart des continents et donc il faut importer beaucoup de produits, d’alimentation. (…) Il faudrait réduire nos importations et produire plus localement ».

Lire aussi > Un comité citoyen dans le cadre du Plan climat de la Polynésie

Au-delà des actions qui devront être mises en place, pour que le nouveau plan climat ne devienne pas un nouvel échec, tout le monde doit être impliqué car le changement climatique nous affecte tous. C’est une stratégie qui se veut transversale et territoriale, qui va donc impliquer l’ensemble des acteurs, aussi bien le Pays, que les communes, les associations, le secteur privé.

Un comité citoyen a d’ailleurs été mis en place depuis peu : « L’ensemble de la population polynésienne va pouvoir s’impliquer directement à travers un comité citoyen composé de 20 citoyens tirés au sort, représentatifs de la population. Ils seront associés au suivi et à l’élaboration de la démarche. On va également les former aux enjeux énergie climat. Ça sera intéressant d’avoir leur point de vue de citoyen, et que ce soit pas un point de vue d’expert, comme on a souvent ».

« Sans la volonté politique et citoyenne de changer profondémment nos modes de vie et de production, les plans climat ne seront pas suffisants »

Baptiste Sureau, référent du Plan climat de la Polynésie

« Une des utilités indéniables du plan climat, c’est de faire parler du changement climatique, de sensibiliser à travers des formations, des rencontres des acteurs. On va également dans les établissements scolaires rencontrer les élèves et le personnel. Mais c’est évident que sans la volonté politique et citoyenne de changer profondémment nos modes de vie et de production, les plans climat ne seront pas suffisants » affirme Baptiste Sureau.

Prochaine étape de ce plan climat : un état des lieux de la situation actuelle présenté à la population prochainement. Seront évoqués notamment le problème de la sécheresse aux Marquises ou encore la montée des eaux qui devrait toucher les Tuamotu d’ici 30 ans. Et de novembre 2022 à mars 2023, on entrera dans la phase d’élaboration de la stratégie, avant la rédaction du programme d’actions pour décarboner l’économie et s’adapter au dérèglement climatique.

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