Le ‘Ao ou héron strié de Tahiti est endémique de l’île et constitue à ce jour l’unique population présente en Polynésie française. On le retrouve sur le littoral, à l’embouchure des rivières ou dans les baies.
On recense seulement 70 hérons à Tahiti aujourd’hui, un chiffre en diminution depuis le siècle dernier. L’espèce souffre notamment de la destruction de son habitat, liée à l’urbanisation et l’aménagement des bords de mer ou l’enrochement des rivières. D’autres facteurs comme les espèces exotiques envahissantes, le manque en alevins, les aléas climatiques, impactent également cette espèce, classée en Danger critique d’extinction sur la liste rouge des Oiseaux de Polynésie française, et protégée dans le Code de l’environnement.
L’avenir du ‘Ao n’étant pas assuré à Tahiti, la création d’une population de sécurité visant à la sécuriser a été décidée en partenariat avec le Pays. En 2023, Huahine a été sélectionnée en raison de la faible vitesse de l’urbanisation, d’habitats favorables et d’une association locale particulièrement dynamique : A Ti’a Matairea. Aussi, des restes fossiles témoignent d’une présence ancienne du héron à Huahine, indique la Société d’Ornithologie de Polynésie (SOP) Manu.
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« De jeunes oiseaux émancipés et de moins d’un an seront choisis pour la translocation en raison de leur adaptabilité à un nouvel environnement, et pour ne pas retirer des adultes de la population source. L’impact du prélèvement sur la population source est supposé réduit en raison d’une mortalité élevé des jeunes dans leur première année, voire après, a priori en raison du manque d’habitat favorable. Dans la mesure où peu de jeunes sont produits par année sur Tahiti (estimation de 20 à 30), seulement 4 à 5 jeunes seraient prélevés chaque année à partir de 2024, opération répétée sur 4 épisodes, afin d’atteindre un effectif total de 20 individus réintroduits à Huahine » précise dans une communiqué la SOP Manu.
Lundi 26 février, trois oiseaux ont été capturés à Papeete et à Faa’a avant d’être transportés sur Huahine. Ils seront ensuite relâchés au niveau de la Baie de Maroe/du Port Bourayne, après avoir été mesurés et équipés d’émetteurs VHF avant d’être mis dans une volière pendant quelques heures. Dans les volières sont disposés des enclos avec des poissons vivants. Les volières seront ensuite ouvertes puis plusieurs autres sites avec des poissons vivants seront installés pour faciliter leur alimentation. Une biologiste restera à Huahine environ 3 mois pour suivre les hérons et leur adaptation sur l’île.