Le débat sur l’exploration (ou non) des fonds marins dans les eaux de Polynésie a créé des remous dans l’hémicycle. À ce propos, le président du groupe Tavini à l’Assemblée de Polynésie française Antony Géros s’est montré virulent envers la France la semaine dernière : « La France essaie d’étendre sa zone économique en essayant d’explorer les plateaux continentaux. Pourquoi? Pour amener des sous-marins et voir s’il n’y en a pas aussi là-bas? Après, ils vont dire dans leur moratoire qu’il ne faut pas toucher? […] On se fout de la tête de qui?«
Pour le gouvernement cependant, le parti bleu ciel n’a pas toujours été aussi méfiant face aux grandes puissances : « En 2013, vous avez été moins gênés quand vous avez signé avec les chinois pour l’exploitation de nos fonds marins« , lui a rétorqué le ministre de l’environnement Heremoana Maamaatuaiahutapu.
Le Tavini invoque l’ONU
Les indépendantistes n’ont donc pas soutenu le moratoire voté par la majorité des élus la semaine dernière. Ce vote s’inscrit dans la continuité idéologique du parti, qui revendique régulièrement la souveraineté polynésienne sur ses ressources naturelles : « Une résolution a été prise par l’ONU en 2016 qui exhorte la puissance administrante, c’est à dire la France, à reconnaître la souveraineté du peuple de Polynésie française sur toutes ses ressources naturelles, y compris les resosurces minérales sous-marines « , s’est expliqué M. Géros.
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Le cobalt, le nickel ou encore le manganèse reposant au fond des océans suscitent les appétits internationaux. Leur exploitation est au cœur d’enjeux économiques, mais à l’heure où la planète se réchauffe, les élus craignent des dommages irréversibles dans nos océans.
L’exploitation éventuelle de fonds ne se fera pas tant que les connaissances techniques ne sont pas maitrisées et que le milieu marin n’est pas protégé : « Il faut que l’on puisse identifier s’il y a des ressources, affirme Teva Rohfritsch, résentant non-inscrit à l’APF. Il faut aussi qu’on puisse mieux connaître la biodiversité, la colonne d’eau, et ne pas parler que des minerais« .
M. Rohfritsch invoque le principe de précaution pour les générations futures : « ce sont à elles de décider si elles veulent les exploiter ou pas« .
Pas d’urgence donc à aller gratter les fonds marins de Polynésie, au vu des préoccupations en surface. Ce moratoire satisfait les associations environnementales, notamment la FAPE et son président Winiki Sage : « Quand on voit les dégâts qu’il y a sur la planète, on va peut-être essayer de nettoyer ce qu’on a fait dessus avant d’imaginer aller exploiter les fonds sous-marins« .
Début novembre, le président Emmanuel Macron avait annoncé lors de la Cop 27 que la France voulait interdire l’exploitation des fonds marins dans les eaux internationales, et donc dans sa ZEE du Pacifique.