Jessica Tran, la « biologiste qui zozote » fait découvrir la vie marine du fenua aux internautes du monde entier

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Elle est "la biologiste qui zozote" sur TikTok. Jessica Tran, biologiste marine, fait découvrir aux internautes les trésors sous-marins du fenua. Et ses vidéos à visée pédagogique cartonnent. En seulement deux mois, elle a rassemblé une communauté de plus de 30 000 abonnés. Et Jessica a déjà d'autres projets. Nous l'avons rencontrée.

Publié le 23/03/2025 à 13:24 - Mise à jour le 24/03/2025 à 9:37

Elle est "la biologiste qui zozote" sur TikTok. Jessica Tran, biologiste marine, fait découvrir aux internautes les trésors sous-marins du fenua. Et ses vidéos à visée pédagogique cartonnent. En seulement deux mois, elle a rassemblé une communauté de plus de 30 000 abonnés. Et Jessica a déjà d'autres projets. Nous l'avons rencontrée.

Baleines, poissons-perroquet, bénitiers, dauphins… depuis janvier, Jessica révèle les petits secrets de la faune marine polynésienne au travers de vidéos drôles et ludiques. Et sa recette fait mouche : déjà plus de 33 000 personnes la suivent.

@kim_jessica Jour 19 | 𝐴𝑝𝑝𝑟𝑒𝑛𝑑 𝑙𝑎 𝑣𝑖𝑒 𝑚𝑎𝑟𝑖𝑛𝑒 à 𝑇𝑎ℎ𝑖𝑡𝑖 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑚𝑜𝑖 : 🐍Puhi, les murènes 💀. Co-réalisé avec le Studio Mape 🎥 #murene #tahiti #biologiemarine ♬ son original – Jess | 🪸La biologiste zozote

« La première vidéo que j’ai publiée sur TikTok, a percé, raconte la jeune femme. Elle a fait un million de vues. C’était moi en plongée. Je voyais un requin au fond. Je ne sais pas, je pense qu’il y a eu un cocktail de choses qui ont fait que les personnes sont restées en haleine et du coup, que ça a percé. » Mais cette soudaine popularité 2.0 l’effraie. Jessica prend une décision radicale : elle désinstalle l’application.

Transformer son temps d’écran en projet

Une fois la peur passée, l’« accro aux réseaux », décide finalement de se remettre à la création de contenu et de transformer son temps d’écran en un vrai projet. « C’est vraiment cette année où je me suis dit, bon, je peux faire quelque chose de correct en véhiculant des messages qui ont un sens, c’est-à-dire la protection de l’environnement et surtout, couplée avec la promotion de la culture polynésienne et du Pacifique plus largement. (…) Je suis tellement accro aux réseaux que j’en ai les codes. » Aidée de son partenaire, elle se lance donc dans une série de vidéos sur la vie marine à Tahiti.

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L’appel du fenua

Fille des îles, Jessica a grandi entre La Réunion et la Nouvelle-Calédonie. En 2018, elle débarque au fenua, pour poursuivre ses études. Pourquoi Tahiti ? Pour suivre son compagnon de l’époque, avoue-t-elle. Mais pas seulement. C’est une série de « signes » qui l’a portée vers le fenua… « Juste avant de venir, je faisais un stage sur Tara Pacific. En gros, je traitais l’ADN des coraux et j’ai passé six mois en laboratoire à traiter les échantillons de Moorea. Je me suis beaucoup renseignée sur l’expédition en Polynésie française. Et puis, quand j’étais petite en Nouvelle-Calédonie, j’ai pratiqué le ‘Ori Tahiti. Donc, je n’étais pas totalement dans l’inconnu de la culture polynésienne. Du coup, il y avait plein de choses d’alignées. Pour moi, c’était le bon moment de venir poursuivre mes études à Tahiti. »

Jessica, petite, en Nouvelle-Calédonie

Ses études terminées, elle travaille pour plusieurs associations locales. « Je pense que c’est de là que me viennent mes « skills » de vulgarisation scientifique et aussi de gestion de projets de restauration écologique. Donc tout ce qui est bouturage, restauration de l’environnement, des récifs coralliens… »

Aujourd’hui, la biologiste marine a rejoint un bureau d’études en environnement. « Je suis biologiste marin pour faire des études d’impact et des diagnostics environnementaux en milieu marin. Ça, c’est ma spécialité. Et j’ai aussi un bagage de plongée scientifique, plongée professionnelle. »

« Quand j’étais petite, j’avais peur des coraux. Vraiment.« 

Dans ses vidéos, Jessica partage aussi son quotidien. Un contenu qu’elle souhaite développer, poussée par ses abonnés. « J’ai énormément de jeunes qui ont des questions sur le métier. Donc, je compte faire plus de vidéos immersives dans mon quotidien en tant que biologiste marin. »

@kim_jessica petit vlog dans ma vie de biologiste 🤿🪸 ig : jss_tran #biologiemarine #marinebiologist #adayinmylife ♬ You Got the Love (Club Mix) – Rockin Moroccin

Un métier qui n’a pas été un rêve d’enfant pour Jessica. « Quand j’étais petite, j’avais peur des coraux, raconte-t-elle. Vraiment. (…) J’ai toujours été proche de la mer. Mais le déclic a eu lieu durant mes études de biologie, que j’ai un peu subies par défaut. Le seul cours qui m’a plu, c’était un cours en biologie marine. Une prof m’a dit : « pour voir si quelque chose te plaît, il faut que tu fasses des stages ». Et le stage que j’ai fait, c’est le stage sur Tara Pacifique, des coraux dans tout le Pacifique. Et c’est à partir de là que je me suis dit, il y a tellement de choses à étudier dans la mer. »

Jessica lors d’une action de restauration corallienne. Crédit photo : Julien Anton

Un dernier projet vidéo lui tient à cœur, en rapport avec son zozotement. Si Jessica s’est réapproprié cette caractéristique et se présente elle-même comme « la biologiste qui zozote », cette particularité qu’elle accepte comme faisant partie de sa personnalité, n’a pas toujours été facile à assumer. « Le fait de m’exposer sur les réseaux, j’ai eu énormément de questions par rapport à ma différence de voix. J’ai envie d’en parler de manière saine. Il y a beaucoup de jeunes qui se sentent représentés dans ça. Je n’ai pas envie de dire que je m’en fiche, parce que ce n’est pas vrai. On dit aux jeunes, « quand tu grandiras, tu oublieras ». Mais ce n’est pas vrai, en fait. Moi aussi, je suis passée par là et ça a été un manque de confiance en moi énorme. »

Plus jeune, elle a bien été suivie par un orthophoniste. Mais Jessica estime être tombée « sur la mauvaise personne ». « Je zozote depuis toujours, mais en vrai, je ne pourrais pas répondre à toutes les questions sur mon zozotement. À mon avis, c’est un défaut par rapport à ma dentition. Donc, c’est arrivé pendant que j’ai grandi. Je ne suis pas vraiment née comme ça. Sauf que je n’ai jamais été bien accompagnée pour bien le comprendre, etc. D’où mon envie de faire des contenus par rapport à ça. J’ai essayé de voir une orthophoniste à 1 -15 ans, au début du lycée. Et en fait, je pense qu’elle m’a traumatisée. »

Aujourd’hui, Jessica souhaite consulter de nouveau un professionnel. Un parcours qu’elle veut partager avec ses followers. « Ce serait du contenu du type, pourquoi je zozote ? Quelle est vraiment la raison ? Et comment se réapproprier sa voix quand on a un défaut de voix ? C’est un exercice pour moi, mais c’est un contenu qui me tient au cœur de transmettre aux jeunes qui me suivent, vraiment. »

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