Malgré sa taille microscopique, la larve de crevette bleue aura fait trembler l’ensemble du secteur aquacole polynésien, ces 6 derniers mois. La raison : un taux de mortalité inquiétant observé dans les premiers jours de la vie de ces crustacés. Les pistes d’une bactérie ou d’un virus ayant été rapidement été écartées, l’équipe de scientifiques de la coopérative aquacole de Vairao a finalement opté pour des solutions plus pragmatiques. « On s’est essentiellement concentré sur la qualité de l’eau, donc un renforcement du système de filtration et l’alimentation des géniteurs », explique Marc André Lafille, ingénieur aquacole pour la direction des Ressources marines.
Les résultats, encourageants, ont été confirmés par des tests de résistance. Une étape essentielle avant de fournir les différents crevetticulteurs de la place en larves. « On va les stresser via de la température ou à l’air libre. On va évaluer la qualité des larves, mesurer un certain nombre de larves, vérifier le taux de mortalité dans les nurseries. Les survies en nurserie sont dans les standards puisqu’on est autour de 90%. »
Pour Teva Siu, crevetticulteur dont la production a été divisée par six, passant de 3 tonnes à 600 kilos de livraisons hebdomadaires, cette probable sortie de crise est synonyme d’espoir. Pour rattraper le temps perdu, le chef d’entreprise attend, dans les prochaines semaines, une livraison de près de 10 millions de larves dans les prochaines semaines. Il assure que d’ici novembre, la crevette bleue sera bel et bien de retour sur les étalages. « Les premières crevettes, on va les commercialiser plus petites, avec des prix plus attractifs, pour pouvoir libérer les bassins pour les cycles à venir. Jusqu’à la fin de l’année, c’est bien parti pour en avoir plus que d’habitude. »
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Après 40 ans d’élevage intensif, la crevette bleue n’avait jamais connu une telle situation. Fragilisé économiquement, le secteur aquacole sort plus fort de cette épreuve, grâce notamment à une collaboration sans faille des éleveurs et scientifiques. « C’est sûr que ce sera une année noire. Mais en même temps, c’est une année intéressante parce que on sait que, même si quelque chose d’aussi difficile nous arrive, on sait qu’on peut s’en sortir. »
Une dynamique essentielle pour ces éleveurs qui devront, d’ici un an, relever un autre défi : celui du lancement du lotissement aquacole de Faratea. 33 hectares dédiés à l’aquaculture qui permettront aux éleveurs de crevettes du fenua de dépasser les 800 millions de francs de chiffre d’affaires annuel.