À Punaauia, les pêcheurs constatent qu’il est plus difficile chaque année de trouver du poisson en quantité. Avec son poti marara, Steeve Vanbalou est contraint d’aller plus au large : « Déjà on est obligés de faire 24 nautiques voire 30 à 40 nautiques et j’ai même des amis qui vont derrière Tetiaroa. C’est déjà loin. On est obligés d’aller plus loin et pour ramasser des petites tailles. »
Acteur de l’économie bleue à son échelle, Steeve a vu l’état de l’océan se dégrader en l’espace de 30 ans. Pour préserver ce garde-manger, la prise de conscience doit être immédiate. « Ça commence par regarder où on jette nos détritus, nos huiles usagées lorsqu’on fait les vidanges. Tout ça c’est important. »
Thématique chère à la Polynésie, la gestion des océans et des ressources marines, c’est l’axe principale du séminaire organisé aujourd’hui et demain à l’UPF. L’occasion pour le pays d’exposer son modèle de pêche durable, et de rappeler que depuis 1996, la Polynésie ne délivre plus de licence de pêche aux navires étrangers. « Notre effort de pêche est de 6000 tonnes par an alors que la pêche illégale dans le Pacifique représente 300 000 tonnes », déclare le ministre de l’Environnement Heremoana Maamaatuaiahutapu.
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Si le Pays compte bien s’inspirer de ce qui marche à l’international, il rappelle que certains concepts à l’instar des aires marines protégées ne sont pas forcément adaptés à la Polynésie. Hors de question par exemple d’interdire la pêche sur les zones côtières réservées à la pêche traditionnelle. « Mais qu’est-ce qu’on entend par pêche traditionnelle ? Si on prend les critères internationaux, un bateau de pêche de plus de 12 mètres est un navire de pêche industrielle. Donc si on s’en tient à cette règlementation internationale, nos bonitiers sont des navires de pêche industrielle. Ce n’est pas la technique de pêche que l’on considère comme impactante. C’est la taille du bateau. »
Ce séminaire n’est pas le premier rendez-vous sur les enjeux maritimes inscrits à l’agenda de la Polynésie. Le One Ocean Summit et plus récemment le Blue Ocean Summit ont déjà permis d’évoquer longuement la gouvernance des océans. Au-delà des mots, les défenseurs de l’environnement attendent désormais des avancées significatives et des actions concrètes.