Tahiti Nui Télévision : Originaire de Paea, vous êtes docteur en économie de l’environnement, tout juste nommé délégué interministériel. Votre nom est déjà connu puisque vous avez été l’un des lauréats du prix AFD Jeunes chercheurs Outre-mer en 2022, puis intégré le collège de l’Autorité polynésienne de la concurrence (APC), mais ce n’est pas tout. Dites-nous en plus à votre propos…
Léopold Temoana Biardeau, délégué interministériel en charge du climat et du développement durable : « On va faire rapide. Je suis originaire de Paea, j’ai passé mon bac en 2010, et puis après, je suis parti faire mes études en France, d’abord en économie pendant 5 ans, j’ai étudié aussi à Singapour pendant un an, direction ensuite la Californie où j’ai obtenu mon doctorat en économie de l’environnement en 2020. Retour en 2020 à l’université de la Polynésie française où j’ai enseigné l’économie pendant 2 ans. Direction ensuite la Nouvelle-Zélande, à Auckland, où j’ai travaillé en tant que chercheur en économie de l’environnement, sur des thématiques liées au climat. Et suite à une rencontre avec le président Moetai Brotherson, je suis revenu là récemment en septembre et j’ai démarré mes missions au mois d’octobre. »
Ce poste qui fait le lien entre les différents ministères sur les questions de climat et de développement durable, c’était une forte demande des autres ministères ?
« Absolument. Il se trouve que ça faisait quand même quelque temps qu’on poussait pour la création d’une délégation interministérielle, et quand ça a été suggéré, immédiatement, les directeurs et directrices de cabinet ont sauté sur l’occasion. Parce qu’il se trouve que tous les ministères ont des thématiques qui sont liées au climat ou au développement durable. Et donc voilà, ça a fait l’unanimité. »
Quel va être votre rôle dans ce travail interministériel exactement ?
« De faciliter l’action. Plutôt que de travailler chacun dans son coin en silo, l’idée sera de créer des liens, de faire le pont entre les différents ministères dès que l’occasion se présente.
J’aimerais bien juste donner un petit exemple. Lorsque l’on a un cyclone, on sait qu’il n’y a pas que l’environnement qui va être affecté. Il va y avoir des destructions de maisons, ce qui peut toucher le foncier et l’immobilier. Ça va impacter les vies, donc on est dans le domaine de la santé. Économiquement parlant aussi, les dommages, ou ne serait-ce que sur l’industrie du tourisme, qui pourrait voir une chute du nombre de visiteurs par la suite. On voit vraiment que ce sont des thématiques qui peuvent rapidement toucher tous les ministères, et cela démontre la pertinence de cette délégation. »
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À plus grande échelle, une de vos missions, et pas des moindres, c’est de préparer la Polynésie aux grands rendez-vous internationaux. Le prochain se tiendra à Nice en juin 2025. Il s’agira de la troisième conférence des Nations Unies sur l’océan. Quels seront les enjeux pour la Polynésie à ce sommet ?
« Les enjeux seront absolument énormes. Il est très important que l’on y participe, et on y participera. Nous aurons 150 pays qui seront représentés. Nous aurons des chefs d’entreprise, des représentants de la société civile, des ONG… C’est vraiment le grand rendez-vous des océans. Je n’apprendrai à personne que notre mode de vie ici dépend de la bonne santé de l’océan Pacifique. Parmi les thèmes qui vont être abordés, il sera question de la biodiversité, de la chute de biodiversité, c’est-à-dire de la disparition progressive des stocks de poissons et d’autres types d’animaux, de faune et de flore.
On parlera aussi de pollution marine. Il y aura de grands enjeux liés aux océans. On veut pouvoir faire entendre notre voix lors de ce grand rendez-vous international qui se passera à Nice. »
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À notre échelle, il y a le plan climat qui vise la réduction des gaz à effet de serre. Il est aussi question de préparer l’adaptation du Pays aux dérèglements climatiques. Comment allez-vous accompagner le gouvernement sur ce travail ?
« Le plan climat 2022-2030 de la Polynésie a été validé par le CESEC le mois dernier. Il y a une dimension vraiment liée à l’atténuation du changement climatique, c’est-à-dire pour nous de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Sauf qu’après, il ne faut pas oublier que la Polynésie est responsable environ de 0,003% des émissions globales. Évidemment, qu’on veut montrer l’exemple et, dès que possible, réduire notre empreinte carbone. On peut saluer du coup l’initiative de la ferme solaire. Mais au-delà de ça, on est en première ligne sur les conséquences du changement climatique. Et il est fondamental pour nous de protéger les populations de ces conséquences-là. »