Une étude vient d’être publiée dans la revue Nature par un consortium réunissant plus de 100 chercheurs, dont Eric Clua, spécialiste des requins de l’École Pratique des Hautes Études (EPHE-PSL) au Centre de recherche insulaire et observatoire de l’environnement (CRIOBE, CNRS/UPVD/EPHE).
Parmi la vingtaine d’espèces de requins vivant en permanence ou temporairement en haute mer, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, deux tiers sont en danger ou vulnérables et un quart sont en passe de l’être. Beaucoup de ces espèces sont légalement protégées, mais continuent à payer un lourd tribut à la pêche qui cible d’autres poissons carnassiers avec des appâts qui font aussi le malheur des requins.
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Afin d’évaluer le risque que courent ces espèces de requins, des chercheurs se sont penchés sur la coïncidence géographique entre leurs zones de résidence et celles où sont pratiquées les pêches qui en font des prises volontaires ou accessoires. Pour se faire, ils ont comparé d’une part les résultats de plus de 1 600 opérations de marquage de requins à travers la planète et ce, afin d’étudier leurs déplacements, avec, d’autre part, la localisation des efforts de pêche hauturière hors des zones économiques exclusives dépendant directement des États.
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Les chiffres sont inquiétants car 24% des zones où séjournent ces requins sont sous influence d’une pêche intensive qui, par ailleurs, ne cesse d’accroître son effort de capture. Cette coïncidence est malheureusement spatiale mais aussi très souvent temporelle. C’est la pêche palangrière (représentant des milliers de kilomètres de nylon équipé de millions d’hameçons) qui est la plus meurtrière pour les requins, avec une incidence de 71%. Ces résultats ne sont pas surprenants car les requins fréquentent –en toute logique– les zones à haute productivité biologique qui sont favorables à la présence des espèces nobles ciblées par la pêche qui sont aussi des proies des requins.
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Ce constat suggère l’urgence d’une gestion adaptée. Cette dernière peut passer par des outils traditionnels comme les quotas de capture ou les aires marines protégées (à grande échelle) mais elle devrait aussi faire appel à des technologies modernes telles que le suivi satellitaire tant des animaux que des vaisseaux de pêche afin d‘instituer par exemple des fermetures en temps réel, ponctuelles et géographiquement ciblées et ce, afin d’enrayer l’impact de ces pêches sur ces espèces précieuses pour les écosystèmes.