L’Institut Louis Malardé se dote d’une bio-banque

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C’est une avancée majeure dans la recherche en Polynésie : l'institut Louis Malardé (ILM) sera dotée dans les prochains mois d’une bio-banque. Ce centre de ressources biologiques permettra de stocker et conserver des échantillons sanguins et salivaires, en plus de souches virales des précédentes épidémies. Objectif à terme : intégrer nos données biologiques à celles des études internationales pour la recherche de traitements adaptés à notre bassin de population.

Publié le 10/01/2024 à 8:02 - Mise à jour le 10/01/2024 à 14:55

C’est une avancée majeure dans la recherche en Polynésie : l'institut Louis Malardé (ILM) sera dotée dans les prochains mois d’une bio-banque. Ce centre de ressources biologiques permettra de stocker et conserver des échantillons sanguins et salivaires, en plus de souches virales des précédentes épidémies. Objectif à terme : intégrer nos données biologiques à celles des études internationales pour la recherche de traitements adaptés à notre bassin de population.

C’est dans une salle sécurisée que l’ILM conserve dans ses congélateurs à -80 degrés des souches virales, dont certaines dorment là depuis près de 30 ans. Dengue, chikungunya, Zika et plus récemment, Covid : cette collection d’échantillons est essentielle dans la compréhension des maladies et de leur évolution dans le temps.

Van-Mai Cao-Lormeau (Crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

La souche du Zika au fenua par exemple a permis la création d’outils de diagnostics et de traitements à l’échelle internationale. « La Polynésie française a été la première région du monde où l’épidémie a été aussi importante, et on a tout de suite isolé le virus. On l’a amplifié sur les cellules avant de le conserver. Cette souche a servi et sert encore dans toutes les études qui lancées par la suite lorsque le Zika a émergé en Amérique latine et causé toutes ces malformations chez les bébés » explique la directrice du laboratoire de recherche sur les Infections Virales Émergentes, Van-Mai Cao-Lormeau. « Mais il faut savoir que les recherches sur des vaccins ou des traitements s’appuient également sur la souche polynésienne ».

(Crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

Grâce à une subvention de 40 millions de Fcfp récemment accordée, l’institut Louis Malardé va pouvoir renouveler ce parc de congélateurs, dont des enceintes azotes à -190° pour conserver des organismes vivants comme les cellules de moustiques.

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Des températures extrêmes capables de garantir la qualité des prélèvements malgré plusieurs décennies de conservation. Et grâce aux avancées technologiques, les chercheurs pourront multiplier les analyses sur des échantillons de plus en plus petits : « Tout se miniaturise, même les outils d’analyse. Ça veut dire que plus longtemps, on les conserve et plus on a la garantie de la fiabilité de cette conservation, plus on va pouvoir faire des tubes immédiatement et on pourra peut-être les faire également dans 10 ans ».

Mais cette bio-banque pourra surtout intégrer davantage de prélèvements anonymes de sang, de salive et des selles de la population polynésienne. De quoi créer une base de données et garantir une traçabilité : « La notion de bio-banque, c’est à la fois les échantillons biologiques, de sang, de salive, et les virus qu’on a isolés, et toutes les données qui vont avec, c’est-à-dire les informations dans le cadre des participants, l’âge des personnes, leur style de vie, où elles vivent, leurs habitudes alimentaires… et dans le cadre des virus, quand est-ce qu’on les a isolés, est-ce que c’était quelqu’un qui revenait de voyage ou qui a été infecté au cours d’une épidémie ».

(Crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

Une partie des fonds doit également financer l’acquisition d’un logiciel. « C’est important qu’on puisse avoir un lien entre les échantillons biologiques dans les congélateurs et toutes nouvelles les données associées, à l’instar d’un inventaire hypersophistiqué avec toutes nos analyses et celles de nos partenaires » développe la scientifique.

A termes, cette bio-banque devrait ouvrir la voie vers une recherche médicale de précision avec à la clé, de nouveaux programmes innovants, à commencer par une étude de cohorte : « L’objectif, c’est de suivre pendant 3 ans 300 foyers en Polynésie française et en parallèle à Fidji, et de suivre ce à quoi la population est exposée au cours de ces 3 années. C’est ciblé sur les virus transmis par les moustiques, mais on a également inclus les virus respiratoires, donc le Covid et la grippe ». Ces nouvelles données éviteront aux chercheurs de retourner frapper à la porte des foyers à l’occasion des prochains programmes, mais elles pourront surtout être intégrées à la recherche internationale sur de futurs traitements. Des études qui s’appuient généralement sur des données produites par l’Afrique, l’Asie, l’Amérique du Sud ou l’Europe et dont le Pacifique est encore absent.

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