Rahui de Tautira : quels bénéfices et comment les préserver ?

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Depuis 2018 les pêcheurs ont instauré un rahui dans trois zones de la pointe de Tautira. Rahui qui devait être levé à la fin de l’année, et qui le sera finalement au mois de mars prochain. Si pour l’heure le bilan est très positif, le comité du rahui réfléchit à la meilleure stratégie pour préserver les bénéfices acquis après 4 années sans exploitation. Pour éviter une nouvelle raréfaction de la ressource, le comité de gestion du rahui a fait appel au Criobe et à des universitaires pour trouver la bonne mesure.

Publié le 06/08/2022 à 10:41 - Mise à jour le 06/08/2022 à 14:16

Depuis 2018 les pêcheurs ont instauré un rahui dans trois zones de la pointe de Tautira. Rahui qui devait être levé à la fin de l’année, et qui le sera finalement au mois de mars prochain. Si pour l’heure le bilan est très positif, le comité du rahui réfléchit à la meilleure stratégie pour préserver les bénéfices acquis après 4 années sans exploitation. Pour éviter une nouvelle raréfaction de la ressource, le comité de gestion du rahui a fait appel au Criobe et à des universitaires pour trouver la bonne mesure.

Quelle organisation post Rahui ? C’est la question à laquelle doit répondre le comité de gestion de Tautira à quelques mois de la réouverture des zones préservées de pêche depuis 2018. Une réouverture repoussée au mois de mars afin de se laisser le temps de trouver la meilleure formule à la fois pour les poissons et pour les pêcheurs car à Tautira, un habitant sur 3 pratique la pêche. « Les poissons sont plus nombreux et plus gros. Dans un faaapu, si tu vas retirer le taro tous les jours, si tu ne replantes pas, demain tu ne vas pas manger de taro. C’est exactement la même chose la mer. C’est un faaapu. Il faut l’entretenir, le laisser se reposer« , explique Eric Pedupede, membre du comité du Rahui de Tautira.

Le comité de gestion bénéficie de l’appui technique du rahui center créé en 2019 et qui associe le Criobe et les universités de la Polynésie et de Santa Barbara.

Marguerite Taiarui est doctorante, rédactrice d’une thèse sur la pêche lagonaire : « On va dans l’eau, on compte les poissons, on regarde un peu ce qui se passe au niveau des coraux, des algues, et on fait aussi quelques enquêtes auprès des pêcheurs pour savoir comment est-ce que le système évolue. On a décidé de travailler beaucoup sur Tautira parce que c’est un système de gestion qu’ils ont mis en place en 2018 qui est très intéressant et qui n’a été fait nul part ailleurs dans le monde. »

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« Franchement, on ne pensais pas du tout avoir un suivi scientifique comme ça. Au début ça a été proposé avec le Criobe. Je me suis dit que le Criobe allait passer comme ça, mais non. Ils ont fait un quadrillage du rahui incroyable », se réjouit Eric.

La particularité de Tautira est qu’une zone centrale à la passe restera fermée et la réouverture des deux autres pourrait se faire de manière alternative. La question de la taille minimale des poissons pêchés et du volume sont aussi des paramètres pris en compte.

« Nous on va continuer, le rahui center, à accompagner la population de Tautira et notamment les pêcheurs pour pouvoir collecter de la donnée : qu’est-ce qui sort de ce rahui ? Est-ce que ce sont des tailles satisfaisantes ? Est-ce qu’il y a beaucoup de poissons qui sortent ? Et pour après venir compléter et faire de la gestion adaptative, c’est-à-dire qui si on s’est trompés sur telle ou telle mesure de gestion, on s’adapte et on change les méthodes de gestion qu’on a mis en place, détaille Margueritte. On apprend comme ça et ensemble on va pouvoir faire des choses qui marchent parce que tout seuls on n’y arrivera pas. »

Ce système de rotation de rahui avec une zone centrale qui restera fermée a inspiré les Fidji et les Philippines. Ce projet pilote de Tautira pourrait être riche d’enseignements, bien au-delà de la Presqu’île de Tahiti.

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