L’étude a été lancée en 2019 par la société Ocean Products, en partenariat avec la municipalité, le Pays et la fondation The Nature Conservancy. Objectifs : évaluer le stock de cette ressource, mais aussi sa biologie, son cycle de vie, et les quantités prélevées par la population. Aujourd’hui, 20% des habitants de Rangiroa exploiteraient cette ressource qui n’est pas règlementée. La pêche de becs de canne fait vivre de nombreuses familles de l’atoll. Et si le stock n’est pas en danger, il pourrait rapidement le devenir si aucune mesure n’est prise. C’est pourquoi plusieurs recommandations suite à l’étude vont être présentée, notamment l’interdiction de pêcher des ‘o’eo mesurant moins de 45 cm.
Rangiroa a la particularité de ne pas être atteint par la ciguatera pour cette espèce. Le ‘o’eo est un poisson très prisé pour la qualité de sa chaire. Cependant face à une pression de pêche en augmentation, il est indispensable que cette ressource essentielle soit préservée suivant des règles de gestion qui sont en train d’être définies.
« Ça intervient tout de suite, donc les recommandations vont être appliquées dès aujourd’hui. Notre chercheur a déjà fait des réunions avec les pêcheurs de Avatoru et Tiputa, qui ont accepté avec plaisir ces recommandations. Elles seront présentées au conseil municipal de Rangiroa et le président du Pays est ici pour se rendre compte lui-même de l’état d’avancement de ce programme et des recommandations. Aujourd’hui, c’est l’aboutissement, mais ce n’est pas fini. Là, on espère avancer encore un peu plus sur la connaissance de la vie du ‘o’eo en installant des balises à l’intérieur du lagon, dans la passe, et à l’extérieur, pour connaître encore mieux son déplacement, son système de reproduction, et donc on a encore beaucoup de travail à mener » explique Georges Moarii, mareyeur à l’initiative du programme de recherche sur les ‘o’eo.
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Le but du projet envisagé par Ocean Product est de pêcher les o’eo qui sont de taille supérieure à 45 cm, élevés dans des parcs à poisson dont les matériaux et le concept se veulent respectueux du lagon et d’une exploitation facile. Cette étude entre dans le projet du gouvernement de mettre en place une mesure de gestion pérenne et responsable des ressources lagonaires.
Samedi soir une présentation des résultats de l’étude a été faite au président du Pays et au maire de l’atoll en compagnie des principaux acteurs et scientifiques dans la perspective de développer un projet aquacole pérenne et une véritable filière de nature à assurer un développement durable de l’atoll.
Vers un développement de l’économie bleue à Rangiroa
Le lendemain, les chercheurs de The Nature Conservancy, accompagnés notamment de Christophe Misselis, conseiller technique du ministère de la Culture et de l’Environnement en charge des ressources marines, ont visité le centre des métiers de la nacre et de la perliculture Jean Domard de Rangiroa. Ce centre est affecté à la Direction des ressources marines (DRM) qui le met à disposition du Centre des métiers de la mer de Polynésie française (CMM.PF), qui va démarrer une formation de greffeurs mi-octobre, ainsi qu’une formation au certificat de pilote lagonaire. L’objectif est renforcer la vocation de ce centre et de pouvoir y héberger également un pôle d’innovation et de démonstration dans le domaine de l’aquaculture.
Ce développement orienté vers la mer serait un plus incontestable pour cet atoll, le plus grand de Polynésie, qui est sur le chemin du développement économique, notamment touristique, en permettant ainsi une diversification tournée vers l’économie bleue, accompagnée de formations adaptées et créatrices d’emplois durables.