La « découverte » a été annoncée cette semaine : un récif de coraux géants en forme de rose au large de Tahiti du côté de la Presqu’île. Une expédition de plongée avait eu lieu en novembre 2021.
Les images du récif ont fait le tour de la Toile. Mais le mot « découverte » a irrité non seulement certains habitants de Tahiti, mais aussi le gouvernement. Dans un communiqué, la présidence souligne que « le plus gênant dans les différents articles partagés dans les médias est l’utilisation du mot ‘découverte ‘, faisant croire qu’il faille attendre l’intervention de certaines personnes particulières pour enfin découvrir les merveilles du monde.
N’en déplaise à certains, les populations polynésiennes locales connaissaient déjà ce superbe endroit et cette ‘découverte hors du commun‘ n’en est pas une. (…) »
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Si ce récif qui s’étend sur près de 3 kilomètres fascine, c’est aussi parce qu’il mesure entre 30 et 65 mètres de large et est situé entre 30 et 55 mètres de profondeur. Un phénomène naturel atypique pour les chercheurs.
« Sur certaines zones on est quasi à 70% de corail vivant. Il faut savoir qu’à ces profondeurs-là, ce n’est pas courant d’avoir en quelque sorte un recouvrement corallien plus élevé que ce qu’on va avoir en surface » explique Laetitia Hedouin biologiste marine et spécialiste des coraux du centre de recherche scientifique (CRNS) et du CRIOBE
Autre aspect marquant, la taille des colonies qui, pour certaines, font presque 2 mètres de diamètre.
« On sait que les coraux à ces profondeurs, ils grandissent très doucement. Donc ça veut dire qu’elles ont potentiellement 20 ans voire plus. Et donc ils sont passés au travers de toutes les perturbations environnementales qu’on a eu au cours des deux dernières décennies. En quelque sorte ils n’ont pas été impacté par les activités humaines et même par le dernier épisode de blanchissement qu’on a eu en 2019 en Polynésie française. »
Selon la scientifique, cette singularité de la nature doit être intégrée dans la stratégie locale de préservation de la biodiversité. Un suivi de la zone sera néanmoins assuré sur le long terme.
Dans son communiqué, le gouvernement souligne qu’il restera « attentif à ce que ce lieu extraordinaire ne devienne pas une nouvelle attraction touristique incontrôlée, que sa tranquillité ne soit pas troublée de manière excessive et surtout qu’il demeure à la disposition des populations polynésiennes locales afin que, lorsque les enfants demanderont aux plus anciens ‘C’est où ?‘, ils puissent encore répondre : ‘C’est là !‘. »