Taote Tumu : soigner la nature et la mettre sur les murs des villes

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Soigner les plantes, mais pas seulement. À 31 ans, Jérémie Vaivre alias Taote Tumu est un paysagiste polyvalent spécialisé dans les murs végétaux. Hydroponie, aquaponie, aéroponie... il maitrise les diverses techniques pour faire pousser les plantes et bien entretenir nos espaces verts.

Publié le 17/06/2023 à 14:49 - Mise à jour le 18/06/2023 à 9:39

Soigner les plantes, mais pas seulement. À 31 ans, Jérémie Vaivre alias Taote Tumu est un paysagiste polyvalent spécialisé dans les murs végétaux. Hydroponie, aquaponie, aéroponie... il maitrise les diverses techniques pour faire pousser les plantes et bien entretenir nos espaces verts.

Après avoir étudié pendant cinq ans à l’école Lullier en Suisse tous les métiers liés à la nature, lui offrant de multiples casquettes : horticulteur, floriculteur, maraicher, paysager et pépiniériste (arboriculture fruitière et ornementale), Jérémie Vaivre a multiplié les voyages dans le monde : Mexique, Brésil, Madagascar, île de La Réunion ou encore le Costa Rica où est né son intérêt pour les plantes tropicales.

Mettre de la nature sur les murs des villes

Après un passage en 2018 au fenua, ce passionné des plantes revient en 2021 en tant que Taote Tumu. Il se spécialise dans les diagnostics des plantes, mais aussi et surtout dans les murs végétaux.

Ils seraient moins de cinq en Polynésie à en réaliser, chacun avec des techniques différentes : « Pour mettre en place ce genre de technique, il faut avoir des connaissances en horticulture et dans le paysagisme, et être un peu bricoleur ». La technique de Jérémie est inspirée de celle d’un botaniste célèbre, Patrick Blanc, et retravaillée pour l’adapter au climat de la Polynésie : « Cela m’a pris des années de recherches et des mois d’expérimentations avec les plantes, sur leur arrosage et la dose d’engrais. (…) La technique que je mets en place aujourd’hui est résistante aux cyclones si les murs sont posés à l’extérieur ».

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Les murs végétaux peuvent s’installer aussi bien en intérieur qu’en extérieur, et aussi bien dans nos maisons que dans nos villes : « C’est très important d’apporter de la nature dans les milieux urbains, et les murs végétaux y sont adoptés » précise le taote des plantes qui a pour ambition de mettre de la nature sur les murs de la capitale : « On peut cultiver des plantes en ville, là où l’espace au sol est limité, où des bâtiments sont déjà construits ». Une alternative également quand les espaces pour cultiver sont limités : « On sait qu’à Tahiti, peu de surfaces sont utilisées pour l’agriculture aujourd’hui. À peu près 3 000 hectares sur Tahiti sont destinés à l’agriculture, sans compter les cocoteraies -environ 40 000 hectares-, et c’est très peu pour nourrir la population. On a peu d’espaces de cultures, mais beaucoup de nature. La gestion des plantes envahissantes est dure à mettre en place. Ces plantes prennent de l’espace sur des terrains qui peuvent être cultivables » déplore Jérémie.

Et sur les murs végétaux, on peut tout cultiver ou presque : des légumes feuilles, des herbes aromatiques, « des tomates, des poivrons, des aubergines… mais comme ce sont des murs à la verticale, il faut installer des structures spéciales. (…) Le tout est de créer un ensemble adapté à l’arrosage qui va être fait parce qu’on ne peut pas différencier les arrosages. Il faut trouver des plantes qui s’entendent bien ensemble et ne vont pas entrer en concurrence racinaire ».

« Il faudrait généraliser cette technique dans l’architecture actuelle pour réduire la consommation énergétique due aux climatisations »

Taote Tumu

Au-delà de leur aspect purement esthétique, les avantages des murs végétaux sont nombreux : ils ignifugent les parois des immeubles, régulent le taux d’oxygène à l’intérieur d’un bâtiment, permettent d’avoir une atmosphère favorable à la guérison de certaines maladies respiratoires, apportent de la biodiversité et améliorent la température d’un bâtiment : « Avec un mur végétal posé à l’extérieur d’un bâtiment, on estime que la réduction de climatisation est de l’ordre de 30% environ, soit une baisse de 3 degrés ». Une baisse de la facture énergétique donc. Les plantes ont aussi une action dépolluante et absorbent une grande quantité de dioxyde de carbone.

En Polynésie, la demande des murs végétaux est grandissante : « Les gens prennent de plus en plus conscience qu’il faut emmener cette nature dans les villes ou dans les bâtiments. Il faudrait que cette technique se généralise pour vraiment essayer de réguler ces émissions de gaz à effet de serre dans la ville où il y a énormément de circulation… ».

Dans l’Hexagone, la technique des murs végétaux et des toitures végétalisées est subventionnée par l’État, donc les communes ou les institutions publiques ont des subventions pour mettre en place des bâtiments végétalisés : « Ici, malheureusement, ce n’est pas encore dans les habitudes, de construire des bâtiments avec des murs végétaux » déplore le paysagiste.

Hydroponie, aquaponie et aéroponie

Hydroponie et aquaponie sont les deux techniques principalement utilisées pour l’élaboration des murs végétaux. À la Chambre de commerce, d’industrie, de services et des métiers (CCISM) de Papeete, Jérémie a installé en septembre 2022 un mur végétal de 10 mètres carré, ce qui a nécessité 45 heures de travail. « C’est un mur en aquaponie, c’est-à-dire que ce sont les poissons en bas du mur qui le nourrissent. Le système est très simple. Il y a deux pompes : une pompe qui sert à l’oxygénation de l’eau pour les poissons et une pompe qui va filtrer et remonter le mélange en haut du mur et l’eau va redescendre avec la gravité pour retourner dans le bassin. Les poissons vont nourrir les plantes et les plantes vont purifier l’eau pour qu’elles soient de bonne qualité pour les poissons » explique-t-il. Un système pauvre en énergie puisque la pompe est activée seulement 2 à 3 fois par jour pendant quelques minutes et l’installation est possible avec des panneaux solaires.

Les murs végétaux en hydroponie se diffèrent étant en circuit ouvert, et de par leur arrosage qui se fait avec des engrais minéraux. Et ils demandent une plus grosse infrastructure.

L’aéroponie est une variante de l’hydroponie : il n’y a pas de support, les plantes ont les racines dans l’air. C’est une solution nutritive qui va venir nourrir les plantes et leur permettre de croitre. Jérémie a d’ailleurs pour projet d’être le seul formateur agrée en aéroponie dans la zone Pacifique et il travaille avec l’un des seuls importateurs d’une marque américaine de ces tours aéroponiques en Polynésie.

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