Présidée par Jason Man, militant écologiste, Te Motu est composée d’une petite équipe de jeunes, tous très investis dans l’environnement, et pour le fenua. Des jeunes qui ont « à coeur de traiter l’écologie comme quelque chose de grave, d’urgent » explique Jason Man.
L’association souhaite accompagner les individus et les politiques dans la transition : « On symbolise une résistance. C’est un peu un cri de colère de cette jeunesse qui se fait voler son héritage parce que la nature est en train d’être détruite, même ici en Polynésie. Sans compter les crises très globales comme le dérèglement climatique. On a une vision assez moderne de l’écologie. On ne va pas se focaliser seulement sur la biodiversité, les espèces protégées, envahissantes, ou encore les déchets, on va vraiment traiter ça comme quelque chose de systémique, de global. Et on débride l’idée qu’une association est apolitique. Nous, on se politise vraiment, en essayant d’influencer le gouvernement, parce qu’on pense que la transition va s’accélérer en passant par eux. (…) On va faire des courriers, des propositions… pour essayer de faire avancer le combat au plus vite« .
« On symbolise une résistance »
Jason Man, président de Te Motu
Créée il y a seulement six mois, l’association a plusieurs actions multiples et variées : lobbying auprès des politiques, ateliers de réparation, trocs de plantes, création de jardinières, ateliers artistiques autour de l’écologie, tables rondes sur la permaculture, jeux pédagogiques… Des ateliers de transition qui permettent également de récolter des fonds pour soutenir les projets de l’association comme le renouvellement de la butte en permaculture, qui se trouve devant l’Assemblée.
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Limiter les importations en mangeant davantage local
Dernière action en date de Te Motu : un atelier cuisine, organisé à l’éco-lieu Fare Umara. On y apprend à cuisiner ce que l’on a appris à planter. Car Te Motu revendique une autonomie alimentaire afin de moins dépendre des importations -et donc réduire notre empreinte carbone- et surtout renouer avec la culture du manger local : « On mange très peu local aujourd’hui. Trois quart des choses que l’on mange sont importées. On a un peu oublié cette culture du manger local » déplore le président de l’association.
Pour lui, il est tout à fait possible d’arriver aujourd’hui à l’autonomie alimentaire en Polynésie : « Il y a environ un an, j’ai mangé 100% local pendant un mois, j’ai vu combien ça coutait, j’ai fait un bilan sanguin… et j’ai montré que c’était possible. C’est vrai qu’à l’échelle du pays, ça gagne en complexité, mais je pense qu’on a très peu exploité nos surfaces agricoles et nos produits locaux. La façon dont on est les cuisine est assez restreinte aux techniques ancestrales du ma’a tahiti, du ahi ma’a, alors qu’on peut les décliner en beaucoup de choses. On peut inverser la tendance et plus partir sur du trois quart que l’on mange qui sort de nos terres ».
« Les Polynésiens regagneront plus de souveraineté et de rattachement à leur culture en mangeant des choses qui poussent dans leur sol«
Jason Man
L’objectif de ces ateliers cuisine est de redonner confiance aux gens dans les produits locaux : « Afin que l’on soit moins dépendant des importations, du pétrole, que l’on contribue moins au dérèglement climatique. Et je pense que les Polynésiens regagneront un peu plus de souveraineté et de rattachement à leur culture en mangeant des choses qui poussent dans leur sol« .
Organisés chaque mois, ces ateliers permettent ainsi d’apprendre à réduire notre empreinte carbone au quotidien et nous aligner sur le Plan climat de la Polynésie qui a pour ambition de réduire d’ici 2030 de 50% ses émissions de gaz à effets de serre. Pour rappel, l’emprunte carbone d’un Polynésien est aujourd’hui aussi élevée que celle d’un métropolitain, et surtout supérieure à la moyenne mondiale. Les trois principaux secteurs d’émissions de gaz à effets de serre en Polynésie sont les transports, l’énergie et les déchets.