To’a Nu’uroa : un projet sur une algue envahissante aux propriétés prometteuses

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C’est une algue envahissante disgracieuse, mais qui cache des propriétés intéressantes : la Turbinaria ornata, une espèce qui prolifère dans nos eaux depuis les années 80. C’est pour freiner sa présence, en la récoltant pour la valoriser que le projet To'a Nu'uroa a vu le jour avec le soutien de l’Office français de la bidoiversité. Une initiative des associations Tamari’i Pointe des pêcheurs et de Tamarii no te Moana qui s’appuient sur l’expertise de Mayalen Zubia, maître de conférences en Écologie marine à l’université de la Polynésie.

Publié le 05/05/2023 à 9:31 - Mise à jour le 08/06/2023 à 9:35

C’est une algue envahissante disgracieuse, mais qui cache des propriétés intéressantes : la Turbinaria ornata, une espèce qui prolifère dans nos eaux depuis les années 80. C’est pour freiner sa présence, en la récoltant pour la valoriser que le projet To'a Nu'uroa a vu le jour avec le soutien de l’Office français de la bidoiversité. Une initiative des associations Tamari’i Pointe des pêcheurs et de Tamarii no te Moana qui s’appuient sur l’expertise de Mayalen Zubia, maître de conférences en Écologie marine à l’université de la Polynésie.


Son nom scientifique ne vous dit peut-être pas grand-chose et pourtant, elle tapisse le fond des lagons. Espèce native des îles de la société, la Turbinaria ornata a su profiter de la mortalité importante des coraux pour occuper l’espace vacant. Selon Mayalen Zubia, spécialiste en écologie marine, qui étudie cette algue brune depuis près de 20 ans, il est temps de réguler : « Une fois qu’elle est installée, elle va former des forêts et recouvrir tout le substrat, et va empêcher le recrutement coralien. Cela va former des fôrets tellement denses qu’il n’y a plus d’espaces pour les autres espèces, notamment les coraux ».

Aujourd’hui, seules les Marquises sont encore préservées. Mais l’archipel n’est pas à l’abri d’une introduction, car ces algues forment de grands radeaux dérivants. Entraînées par les courants, elles se fixent également dans les cales des navires et finissent par s’installer dans les ports. Les associations le savent et ont d’ailleurs fait appel aux scientifiques pour leur projet baptisé To’a Nu’uroa. « On fait de l’arrachage manuel, le principe, c’est de prendre à la base. On ne cherche pas à enlever toutes les algues du lagon, elles ont quand même leur rôle, mais ça participe à renouveler un peu l’écosystème de la Polynésie et à avoir un meilleur recouvrement corallien » explique Maelie Tricoche, stagiaire de l’association Tamari’i Pointe des pêcheurs.

(Crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

Mais les associations cherchent également à lui trouver une valeur économique. Un potentiel longuement étudié par Mayalen Zubia, qui a collaboré avec les industriels qui veulent développer cette filière. Plusieurs pistes ont été identifiées : « D’abord, sur tout ce qui est bio matériaux via l’extraction d’alginate, ensuite tout ce qui est bio stimulant, et aussi des produits cosmétiques. Une fois cette algue arrachée on essaye de valoriser cette ressource. Il y a plein de choses à faire ».

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Car le point fort de cette algue, ce sont les alginates qui se trouvent dans sa paroi très rigide : « Les alginates sont déjà utilisés dans les tous les produits alimentaires. Ce sont des gélifiants épaississants qu’on trouve dans toute l’industrie alimentaire, mais aussi dans les dentifrices et les pansements. Cette espèce a des propriétés d’alginates très intéressantes, notamment pour des produits pharmaceutiques ».

Une entreprise locale et une entreprise de métropole ont d’ailleurs déjà montré leur intérêt pour l’algue brune.

Algues polynésiennes, de l’arrachage à la transformation :

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