Un mal mystérieux décime les productions de crevettes

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Une mortalité sans précédent frappe les exploitations de crevettes du fenua. Démunis face à ce phénomène mystérieux, les producteurs s’en remettent aux scientifiques. Les équipes de la direction des Ressources marines (DRM) sont d’ailleurs sur le pont pour tenter de comprendre les raisons de cette hécatombe.

Publié le 06/05/2023 à 10:12 - Mise à jour le 06/05/2023 à 11:13

Une mortalité sans précédent frappe les exploitations de crevettes du fenua. Démunis face à ce phénomène mystérieux, les producteurs s’en remettent aux scientifiques. Les équipes de la direction des Ressources marines (DRM) sont d’ailleurs sur le pont pour tenter de comprendre les raisons de cette hécatombe.

Jamais, en 30 ans d’activité, Teva Siu, producteur de crevettes de Teahupoo n’avait vu ses frigos se vider de la sorte. Depuis le début de l’année, un mal inconnu frappe les fermes du fenua. Ses 8 hectares de bassins d’élevage ne sont pas épargnés. Aujourd’hui, sa chaine de production est à l’arrêt. « Au-delà du 15 juin je n’ai aucune visibilité sur la suite. Le temps que les productions arrivent à terme d’ici la fin de l’année, ça va nous mettre dans une situation extrêmement compliquée », confie Teva qui estime une perte de chiffre d’affaires de l’ordre de 50%. S’il a du mal à cacher son inquiétude, le responsable veut croire dans le soutien des services du Pays et dans l’efficacité des scientifiques de la DRM. « Si la situation rentre dans l’ordre d’ici un mois, je perdrais que 30% de ma production ». Soit 40 à 80 tonnes. Bien loin des 165 tonnes de 2021, année record pour son exploitation.

Du côté de la direction des Ressources marines en charge de l’écloserie de la Presqu’ile, unique fournisseur de larves sur le territoire, on n’explique pas encore cette mortalité. « On a des survies assez faibles et des difficultés à produire des larves », rapporte l’ingénieur aquacole de la direction des Ressources marines, Marc-André Lafille. Dès les deux premières semaines en écloserie, il constate un ralentissement de croissance et un arrêt de développement. Résultat : une production insuffisante.

Depuis février et les premiers signes d’anomalies, les scientifiques sont sur le pont sept jours sur sept pour identifier le problème. « On a écarté aucune piste, on a privilégié au départ la qualité de l’eau, savoir si on n’avait pas des toxines dans l’eau. (…) On n’a aussi regardé la piste de l’alimentation, en micro-algue mais aussi du côté des géniteurs. On a fait pas mal de travaux là-dessus. De nombreux prélèvements ont été faits. Les analyses sont en cours. Il y a de l’histologie, de la bactériologie (…) » En parallèle, la DRM a augmenté ses volumes d’élevage larvaire et multiplié les cycles de productions en plus des cycles tests.

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Les dernières crevettes devraient sortir d’ici un mois. Après cette date, les fermes seront tout simplement à l’arrêt. Pour Toa, jeune entrepreneur qui s’est lancé dans l’élevage en mer, il y a trois ans, l’avenir s’obscurcit. Il en appel directement aux pouvoirs publics : « Il faut sauver la filière. Il faut prendre ça au sérieux. Pour moi, on est dans un cad de figure extrême. Cette situation on la vit très mal. On a de gros problèmes financiers (…) Il faut qu’on s’en sorte. »

Pionnière dans l’élevage de la crevette bleu depuis plus de 40 ans, la filière est désormais suspendue aux travaux des scientifiques de la DRM pour espérer sortir de cette crise.

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