C’est la première fois qu’une telle plongée s’organisait dans le cadre de l’observation des pontes de corail en Polynésie. Un travail de recherche bénévole pour soutenir l’association « Tama no te tairoto ». Elle vise à rassembler un maximum de données sur cette espèce de corail. « Les pontes de ces coraux sont très bien documentés jusqu’à environ 55 m, mais nous, on veut aller plus loin pour découvrir d’autres mystères. On s’est demandé si ces coraux pondaient aussi à 80 m, et si on était capable de comprendre à quels horaires ils pondaient à ces profondeurs-là. On est en train de soutenir le travail de l’association, parce que c’est ça aussi la recherche, c’est le partage des compétences et des connaissances« indique Clémentine Seguigne, chercheuse en écologie marine.
Pour atteindre ces profondeurs, les plongeurs sont équipés de recycleurs et de propulseurs. L’équipe bénéficie ainsi d’une autonomie de 4 heures sous l’eau, un temps suffisant pour mener à bien l’étude, mais surtout pour assurer tous les paliers de décompression à la remontée. Et dans ce genre de plongée très profonde, la coordination est essentielle pour la sécurité. « On a un code couleur qui a été établi avant l’immersion. Un code avec les parachutes de sécurité. Un parachute orange, cela veut dire qu’il faut aller chercher les plongeurs qui remontent. Le parachute jaune est un code d’urgence pour le JRCC. Et deux parachutes oranges, cela veut dire, j’envoie un bloc d’oxygène car ils sont en manque d’air en dessous » explique Laetitia Lionnet, ingénieure en biologie marine.
Malheureusement, cette plongée n’aura pas permis cette fois d’observer le cycle de ponte à 80 m de fond. Un niveau de profondeur qui ne permet pas de s’éterniser. L’équipe est restée 15 minutes sur la zone ciblée, le temps de prendre des mesures et des photos : « Le temps imparti est relativement court, donc observer la ponte dans ce laps de temps, c’est un challenge. Cela nous permettra de retenter l’expérience et de nous servir de cette plongée-là pour s’améliorer et espérer avoir des images de la ponte » précise le plongeur Paul Desvignes.
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Les données recueillies permettront de comparer la morphologie des coraux. Car les Porites Rus à 20 mètres sous la surface n’ont pas la même apparence que celles observées à 45 mètres de fond, en forme de roses.
Autre mystère à éclaircir : le décalage probable entre l’heure des pontes selon les profondeurs. « Il semblerait que le déclenchement de la ponte soit corrélé avec la luminosité. Et comme c’est encore moins lumineux à 80 mètres, même si c’est crépusculaire et qu’il y a encore de la lumière, on pense qu’on essaiera de partir plus tard une prochaine pour réussir à observer la ponte » précise Clémentine Séguigne.
La prochaine plongée aura lieu 19 janvier prochain, pour la première ponte des coraux Porites Rus de l’année 2025. Si les scientifiques parviennent à observer ce cycle naturel à 80 mètres, il s’agira d’un record.