« Ils sont entrés en contact avec l’une de mes plus proches collaboratrice. Il y a d’abord eu un coup de téléphone (…) Ils ont réussi à la persuader qu’il y avait une grosse affaire de fusion en cours en Asie et que j’allais me mettre en contact avec elle par mail », explique-t-il. Les malfrats utilisent alors une adresse électronique quasiment identique à la sienne pour se faire passer pour lui. Et l’employée n’y a vu que du feu.
Seul problème : la collaboratrice n’était pas habilitée à virer des fonds. Ce qui n’a pas découragé les escrocs. « Ils lui ont demandé un document officiel sur lequel figurait ma signature », souffle le chef d’entreprise. Suite à cela, ils ont probablement scanné la signature de l’intéressé pour permettre la validation du transfert.
L’un des trois virements demandés, d’un montant de 16,5 millions de francs, a donc été effectué. La somme a transité très peu de temps dans une banque allemande avant de parvenir sur un compte en Chine, puis d’être retirée. Les deux virements qui devaient suivre ont, eux, été bloqués in extremis.
Pour que le patron ne se rende compte de rien, les escrocs sont parvenus à convaincre sa salariée de ne pas le contacter par téléphone. Auquel cas, la supercherie aurait été découverte. Depuis le début du mois de novembre, deux autres entreprises locales ont elles aussi été ciblées par les malfrats. Elles se sont heureusement aperçues du subterfuge et ont alerté la DSP.
« Les patrons doivent prévenir leurs salariés que si jamais on leur demande un virement important, il ne faut pas le faire sans avoir au moins une confirmation verbale de la direction », prévient le commandant Jean-Loïc Hanuse, adjoint au Directeur de la sécurité publique. Celui-ci ajoute que les entreprises victimes de ces agissements doivent prendre contact le plus rapidement possible avec les forces de l’ordre : « les relations entre ambassades permettent de bloquer rapidement l’argent et de le rapatrier si le signalement est fait rapidement ».
Pascal, lui, veut encore croire qu’il récupérera ses 16,5 millions de francs qui représentent environ une année de travail même s’il a peu d’espoir . Ce coup dur met aujourd’hui son entreprise « en difficulté de trésorerie ». Un temps en colère contre la salariée qui s’est fait duper, il a fini par relativiser estimant que quiconque pourrait se faire piéger par ces escrocs d’un nouveau genre. « Ce sont des gens qui savent écrire, parler, persuader. C’est vraiment très bien fait ».
*Le prénom a été modifié par souci d’anonymat