Andrick Puhia comparait libre à son procès. Vêtu d’une chemise blanche et d’un short fluo neuf, le quadragénaire de modeste condition garde les yeux baissés durant toute la première journée de débat. Il s’exprime principalement en Tahitien, ne répondant que succinctement aux questions de la cour.
Lors de sa prise de parole, l’accusé déclare que le soir du drame, la victime et deux autres individus l’ont invectivé. Le ton monte rapidement. Se sentant menacé, il se saisit d’un couteau de cuisine au domicile de son beau-père pour leur faire peur. Mais les quatre hommes viennent aux mains. A trois contre un, l’accusé dit avoir frappé au hasard, blessant mortellement Séverin Nanuaiterai.
Pour l’avocat d’Andrick Puhia, son client a simplement voulu se défendre. Me Jean-Dominique Des Arcis a jugé « regrettable » qu’ayant vu l’accusé un couteau à la main, les trois autres protagonistes « se soient acharnés sur lui ». « Ils auraient dû comprendre qu’il présentait une certaine dangerosité. Mais comme ils avaient bu, ils n’avaient pas compris. C’est un drame de l’alcoolisme », a-t-il ajouté.
D’ailleurs, aucun des témoins n’a donné la même version des faits au cours de l’enquête. Tous étaient sous l’emprise de l’alcool. L’un des assaillants avait affirmé que c’est l’accusé qui avait commencé à les injurier avant de menacer de les tuer. Eux n’auraient donc fait que tenter de l’empêcher de passer à l’acte.
Le juge d’instruction en charge de l’affaire avait dans un premier temps ouvert une enquête du chef d’homicide volontaire. Mais en l’absence de propos concordants, il avait requalifié les poursuites en violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Andrick Puhia risque jusqu’à 20 ans de prison. Le verdict est attendu ce mercredi.
Sam Teinaore