Les soirées de samedi soir, leur ambiance mémorable pour certains, moins pour d’autres. Dimanche dernier, c’est dans le brouillard et dans une cellule de dégrisement que se réveille un homme de 42 ans, totalement ivre la veille. Son tableau de chasse n’est pas fameux : incontrôlable, il a été « vidé » d’une soirée dansante au golf de Temae, à Moorea, par les vigiles, puis s’en est pris à 3 mutoi. Ceux-ci, qui connaissaient déjà l’homme pour son triste passif avec l’alcool, sollicitent le soutien d’un gendarme de la brigade locale. Mais rien n’y fait.
Une brigade mobile de trois jeunes gendarmes venue en renfort tente de calmer l’individu, qui les traite de « corrompus » et leur profère d’autres insultes bien plus fleuries. Lorsque deux d’entre eux tendent les bras vers lui en guise d’apaisement, l’homme les balaye de la main. Il tente de s’enfuir, avant de se raviser et de laisser éclater son courroux. Lorsqu’il brandit le poing dans leur direction, les gendarmes répliquent par un premier tir de taser, inefficace. Il en faut un deuxième pour qu’il soit mis hors d’état de nuire, puis emmené à l’hôpital pour des tests sanguins. Ils ne seront jamais effectués. Trop saoul et colérique, l’homme refuse de s’y soumettre. Il va jusqu’au chantage au suicide, avant d’être emmené au poste pour y passer la nuit.
« Je me rappelle vraiment pas » , bredouille-t-il. Dans le procès-verbal, il admet qu’il était « trop bourré » , reconnaît qu’il a pu proférer des insultes, menaces de mort, et se montrer violent. « J’ai balancé n’importe quoi » , regrette-t-il.
« Je vais essayer d’arrêter, mais c’est pas facile »
L’homme explique qu’il a toujours eu besoin d’être suivi pour ses problèmes d’alcool, et que les associations susceptibles de lui tendre la main « n’existent pas » .
Il s’est pourtant rapproché de la Croix bleue – association venant en aide aux personnes souffrant d’addiction – en 2018. Mais il n’a tenu qu’un an avant de rechuter. L’homme a en effet été condamné a trois reprises pour des faits similaires, en 2019 et en 2023. « Le pasteur m’a dit, c’est moi et le Seigneur (…) J’ai pas pu tenir » , souffle-t-il. Jeune papa d’un bébé de 4 jours, il confesse que le chemin vers la sobriété est encore long. « Je vais essayer d’arrêter, mais c’est pas facile. Peut-être, maintenant que le petit est là » , dit-il, résigné.
« Il aurait dû comprendre. Que nenni, il recommence » , lance la procureure. « Ce n’est ni possible, ni entendable. Pour arrêter, il y a une solution très simple : la prison » , qu’elle requiert ferme : 12 mois avec mandat de dépôt.
Une réquisition suivie par le tribunal. L’homme, condamné à 12 mois de prison – dont six avec sursis – a immédiatement été emmené en détention. Il devra également suivre des soins et payer 60 000 francs à chacune des victimes.