Mais sur la période visée, de 2009 à 2012, le juge d’instruction avait considéré que le trafic pourrait avoir porté sur un total de 14 000 plantes, soit un revenu potentiel de quelque 110 millions de francs.
Ce dont se sont défendus les deux principaux mis en cause aujourd’hui. Ils ont declaré à la barre avoir gagné grâce au trafic, environ 5 millions de francs pour le premier et 7,5 millions pour le second.
« Quand on dit mille et quelques pieds, c’est pas des grandes plantes. Il y avait 43 grandes plantes, le reste c’était des boutures », a déclaré le planteur de 32 ans. « Sur cent, il y en a 20 qui réussissent et le reste meurt « , a renchérit sa compagne.
Une jeune femme qui a fini par s’emporter à l’audience car pressée par le feu nourri des questions du procureur et du président : « Maintenant, je me tais. Faites votre truc. Je suis prête à aller à Nuutania (…) Je réponds plus aux questions ».
Elle et son conjoint livraient également à des grossistes des sacs poubelle remplis de cannabis sur différentes communes de Tahiti. Et pour éviter les contrôles des forces de l’ordre, ils s’étaient inspirés des « go-fast ». Ils utilisaient deux véhicules, le conducteur du premier se chargeant de vérifier que la route était libre alors que le second transportait la marchandise illicite.
Compte tenu du nombre important de prévenus, le procès est programmé sur trois jours mais il pourrait s’achever ce mercredi. Pour les avocats des principaux mis en cause, leurs clients « sont des planteurs de pakalolo comme il y en a beaucoup en Polynésie », et non les cerveaux d’un réseau organisé de trafiquants.
Car ce qu’appréhendent les avocats de la défense, ce sont de lourdes peines comme celles infligées il y a quinze jours dans une autre importante affaire de cannabis et qui s’était soldée par des condamnations allant jusqu’à sept ans de prison ferme.
« Je le redoute« , a dit Me Gilles Jourdainne, avocat de l’un des principaux prévenus, « le tribunal a été extrêmement sévère dans le précédent dossier. Il est possible qu’il suive cette voie dans ce dossier pour en faire des exemples mais je ne sais pas si l’exemplarité est efficace« .