Quatre ans de prison pour le tireur fou de Paea

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Publié le 04/02/2019 à 9:14 - Mise à jour le 07/06/2019 à 16:36

« J’ai eu tort… J’ai dû être possédé à ce moment-là… » En tahitien, voici la seule et brève véritable explication que l’auteur des faits a pu donner à la barre lors de son procès pour expliquer son coup de folie.

Initialement prévue le 3 janvier dernier, son audience en comparution immédiate avait été renvoyée pour qu’il puisse préparer sa défense. Ce lundi, pendant plus de deux heures (une durée extrêmement longue pour une comparution immédiate) le tribunal a tenté de comprendre ce qui s’est passé ce jour-là.

Alors qu’il accompagne sa femme chez le médecin, l’homme, âgé de 52 ans, commence à insulter sans raison des passants qui se trouvent devant le supermarché. Les insultes fusent et certains le menacent de lui lancer des cailloux. Il sort alors un couteau et menace de s’en servir. Il frappe ensuite un homme d’un coup de bâton. Mais surtout il se rend près de sa voiture pour y prendre un fusil de chasse. Une fois armé il met en joue un homme et son neveu et tire. Il blesse l’un d’eux de plusieurs plombs dans les deux jambes et à la main.  L’homme blessé a témoigné à la barre de, non seulement ses blessures physiques mais surtout du « choc psychologique » dont il souffre aujourd’hui. « Au moindre claquement de porte je suis terrorisé » explique-t-il.

Petit et sec, habillé d’un simple débardeur, l’auteur des faits baisse la tête et fait aujourd’hui acte de contrition. Un changement d’attitude par rapport à sa garde à vue, qui a dû être interrompue à cause des crises d’hystéries du prévenu qui a mis beaucoup de temps à se calmer et à reconnaître finalement tous les faits qui lui sont reprochés et qu’il a commis sou l’emprise du paka. Les médecins reconnaîtront en lui un comportement psychopathique qui a pu altérer son discernement au moment des faits sans toutefois effacer sa responsabilité pénale.
 
Son profil est étonnant. S’il a connu une jeunesse un peu houleuse (un coup de poing adressé à un professeur au collège et un autre à un gradé quand il faisait l’armée) il est aujourd’hui « complètement inséré dans la société » selon les propres mots du président du tribunal. Employé depuis trente ans à la mairie de Punaauia, marié depuis 34 ans, son casier judiciaire est parfaitement vierge.

Mais la gravité des faits, qui aurait pu le conduire aux Assises, va le conduire en prison pour quatre années, assorties d’une autre avec sursis. Le tribunal l’a, par ailleurs, condamné à indemniser les victimes. Il est, en outre, soumis à une obligation de soins et se voit interdit de posséder une arme pendant quinze ans, le maximum possible en la matière.
 

Bertrand Parent

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