Une amarre cassée à l’origine d’un accident mortel de snorkeling à Bora Bora

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Happée par l'hélice du Kailea Princess, navire d'excursion lagonaire, une touriste allemande d'une cinquantaine d'années était décédée dans cet accident remontant au 3 février 2023, au Sud-Ouest de Bora Bora. Chargé de conduire les enquêtes de sécurité relatives aux accidents et incidents maritimes graves, le Bureau Enquêtes Accidents / Mer (BEA Mer) a récemment fait la lumière sur les circonstances de l'accident.

Publié le 16/07/2024 à 11:54 - Mise à jour le 16/07/2024 à 13:39

Happée par l'hélice du Kailea Princess, navire d'excursion lagonaire, une touriste allemande d'une cinquantaine d'années était décédée dans cet accident remontant au 3 février 2023, au Sud-Ouest de Bora Bora. Chargé de conduire les enquêtes de sécurité relatives aux accidents et incidents maritimes graves, le Bureau Enquêtes Accidents / Mer (BEA Mer) a récemment fait la lumière sur les circonstances de l'accident.

Le 3 février au matin, les paquebots bahamiens Amadea et Seven Seas Mariner sont mouillés dans le lagon de Bora Bora. Une excursion de snorkeling est organisée pour une trentaine de passagers allemands du Amadea, avec le Kailea Princess comme navire support. Selon le rapport du BEA Mer, ce dernier part mouiller peu avant 10 heures au milieu des coraux dans les jardin de corail dit du « requin pointe noire » , au Sud-Ouest, lorsque les conditions météorologiques se dégradent soudainement.

En effet, une vingtaine de minutes après la mise à l’eau des touristes, un grain violent se déclenche. Le vent fraîchit rapidement, et le navire commence à tanguer. Le capitaine demande aux baigneurs de revenir à bord, lorsqu’il perçoit un déplacement du navire par rapport aux coraux, la ligne de mouillage ayant cassé. Il se précipite vers la console de commande et démarre les moteurs. Deux baigneurs qui glissent vers l’arrière lui crient « stop », mais leurs appels sont couverts par le bruit des moteurs. Une touriste d’une cinquantaine d’années est happée par l’hélice du moteur tribord.

Vent de panique

Le capitaine, qui entend des hurlements, remet les commandes des moteurs au neutre et se précipite à la poupe. Il voit la victime grièvement blessée aux jambes, un guide étant parti la prendre dans ses bras pour la remonter à bord. « Le mauvais temps, la dérive rapide du navire, les cris et la couleur de l’eau rougie » génèrent un vent de panique parmi les excursionnistes, estiment les enquêteurs du BEA mer. Se méprenant sur la situation, ils crient à l’attaque de requin, tentent de remonter à bord par l’escalier avant et l’échelle mise en place sur tribord. L’alerte est donnée au JRCC.

Une infirmière à bord d’un navire de plaisance à proximité saute à l’eau et aide à remonter la victime. Elle tente de poser des garrots sur le haut de ses cuisses, puis de la réanimer par un massage cardiaque avec les guides, alors que cette dernière perd connaissance. L’infirmière demande à ce qu’on l’évacue vers un médecin au plus vite, alors que le capitaine fait route vers l’embarcadère de Vaitape. Un catamaran rapide est envoyé vers le Kailea Princess pour embarquer les passagers choqués.

Le capitaine informe qu’il a accosté à Vaitape, où le médecin de l’Amadea, qui a été prévenu plus tôt d’un problème avec un passager lors d’une excursion, le rejoint deux minutes plus tard. Le massage cardiaque est poursuivi jusqu’à ce que le soignant déclare le décès de la victime, à 10h55.

Le BEA Mer tire quatre enseignements de cet accident. D’abord, que « dans les zones proches de la côte où le mouillage de navire est fréquent, les corps-morts administrativement autorisés, dont les limites d’utilisation sont indiquées, la solidité éprouvée, les conditions de préservation du site étudiées et la position soumise à une étude d’impact, doivent être généralisés » .

Ensuite, le Bureau constate que « la mise en place de caméras ou de miroirs peut permettre à la personne affectée à la conduite du navire de visualiser les zones qui sont situées dans un angle mort du poste de commande » .

Troisièmement, que « l’utilisation d’une cosse pour renforcer et arrondir un œil épissé permet de réduire la contrainte d’écrasement et la perte de résistance du cordage » .

Enfin, rappelle le BEA Mer, « lorsque le navire part à la dérive suite à une avarie ou à un incident, l’équipage ne doit pas oublier ni sous-estimer l’utilité du mouillage, qui peut être immédiatement efficace et sûr, en particulier lorsque des baigneurs sont à proximité et en attente de remontée à bord » .

Recommandations du BEA Mer :

À la compagnie Moana Adventure :

Formaliser une procédure permettant aux capitaines de connaître quotidiennement les prévisions météorologiques avant de planifier leurs excursions de randonnée aquatique et d’organiser les sorties de leurs navires.

À l’Administration :

Rendre obligatoire, pour les moteurs hors-bord des navires exploités pour
effectuer des excursions avec baignade ou activités aquatiques, l’installation de cages
d’hélice (pare-hélice) ou dispositif équivalent.

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