Les faits se déroulent le 30 octobre 2017 à Taiarapu Est. Une jeune fille rentre chez elle après avoir acheté du pain, lorsqu’elle est interpelée par un homme qui se trouve dans sa cour. La jeune fille ne comprenant pas ce qu’il dit, elle s’approche de lui. L’homme lui arrache son sac à dos et le jette en direction de sa maison.
La jeune fille pénètre dans la cour pour récupérer son bien, mais au moment où elle se baisse pour le ramasser, l’homme lui assène un coup à la nuque qui lui fait perdre conscience quelques instants. Lorsqu’elle reprend ses esprits, elle se rend compte qu’elle a été traînée à l’intérieur de la maison. C’est à ce moment qu’elle est violée par son agresseur.
L’homme a un temps nié les faits avant de dire qu’il a voulu punir la jeune fille car elle était venue voler chez lui. Il finira ensuite par confirmer à demi-mot les faits. La principale difficulté du dossier est que le prévenu n’a plus toute sa tête. Victime d’un grave accident de la route, il a perdu une grande partie de ses capacités de discernement. C’est en partie pour cela que l’affaire est jugée en audience correctionnelle et non en cour d’assises.
« La cour d’assises est une juridiction qu’il est compliqué de réunir. Il n’y a qu’une session une fois par trimestre qui représente des considérations d’ordre à la fois économique et organisationnel. Et il peut arriver, avec l’accord de la victime, c’est ce qui s’est passé dans ce dossier, lorsque des faits de viol sont des faits uniques, qu’ils soient correctionnalisés, pour permettre à la justice de passer dans des délais plus rapides », explique Me Toudji, l’avocate de la victime.
Le prévenu a été examiné par deux experts psychiatres qui ont tiré des conclusions similaires : qu’il n’est ni curable ni réadaptable. La cour l’a condamné à 3 ans de prison avec sursis avec interdiction définitive d’entrer en contact avec la victime. Il devra lui payer 1,8 million de Fcfp de dommages et intérêts. La seule vraie satisfaction de la jeune fille est d’être reconnue comme une victime.
« Ce sont des faits qui ne peuvent pas se réparer, poursuit son avocate. J’ai souvent coutume de dire que ce n’est pas un tableau qu’on efface. Et quelle que soit la décision de justice qui intervient, ce sont des jeunes filles qui doivent continuer à vivre avec le traumatisme qu’elles ont subi. »
Lorsque le juge a rendu son délibéré, le prévenu s’est énervé et a proféré des menaces en disant que si des gens venaient encore chez lui, il les tuerait. Il a alors tourné le dos à la cour et a quitté la salle d’audience en répétant : « Moi je tue les gens, moi je tue les gens ». Le président de la cour lui avait auparavant rappelé que s’il ne respectait pas les modalités de sa condamnation, il irait directement à Nuutania pour une durée de 3 ans.