49 ans après le décès brutal de Robert Boulin, ministre du Travail et de la Participation sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, retrouvé mort dans 50 centimètres d’eau dans un étang de la forêt de Rambouillet le 30 octobre 1979, deux figures de la droite française ont été entendues comme témoins par la juge Joëlle Nahon, en charge de l’instruction, révèle France Inter : Claude Guéant, alors conseiller technique au ministère de l’Intérieur, et Gaston Flosse, député de la Polynésie au moment des faits.
Pressenti pour être Premier ministre, Robert Boulin est à l’époque mis en cause dans une affaire concernant l’achat d’un terrain à Ramatuelle, dans le Var. Des accusations auxquelles il disait s’apprêter à répondre. Selon certains témoins, il disposait d’informations compromettantes sur le parti du RPR, notamment des financements opaques en lien avec la Françafrique et le Gabon. Les résultats de l’enquête, qui ont conclu à un suicide, sont contestés par la famille de Robert Boulin depuis 45 ans.
Entendu en visioconférence depuis Tahiti, Gaston Flosse a raconté sa rencontre avec l’homme le 29 octobre 1979, quelques heures avant la découverte de son cadavre. Toujours selon France Inter, Le Vieux Lion s’est souvenu d’une discussion en tête-à-tête portant sur « l’emploi et la formation des jeunes en Polynésie » , dans une ambiance « cordiale« . Robert Boulin « n’avait pas l’air préoccupé« , a-t-il ajouté.
Si l’agenda de Robert Boulin indique un rendez-vous prévu à 15 heures, Gaston Flosse évoque une entrevue entre 16 et 17 heures. Des détails suscitent des interrogations sur les circonstances entourant ce dernier entretien.
Flosse assure ne pas détenir « la moindre information »
Le fondateur du récent Tahoe Tatou, 93 ans, qui fut un proche notoire des poids lourds du RPR Jacques Chirac et Charles Pasqua, « conteste être détenteur de la moindre information, et affirme ne jamais avoir évoqué ce décès avec ces deux hauts responsables du RPR » , écrit France Inter. Il assure ne pas avoir discuté de l’affaire avec ses alliés politiques de l’époque, une version jugée « grotesque » par l’avocate de la fille de Robert Boulin, Marie Dosé.
Par ailleurs, Gaston Flosse déclare n’avoir « pas cru » à la version du suicide.
De son côté, Claude Guéant, qui est actuellement jugé dans le dossier du financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, dit se souvenir d’une réunion le lendemain de la découverte de Boulin « vers 8h du matin » place Beauvau. « La communication du ministre portait uniquement sur la découverte du corps de Robert Boulin, ce qui constituait un séisme politique (…). Dans mon souvenir, le ministre nous informait de la découverte du corps cette nuit-là » , a-t-il déclaré. Une version « incompatible« , selon Me Marie Dosé, avec les procès-verbaux de l’époque versés au dossier, faisant état de la découverte de la voiture du ministre à 8h35, et de son corps à 8h40.