Entre 2016 et 2018, les 14 prévenus auraient permis d’écouler quelque 3 kg d’ice en Polynésie. Principal mis en cause dans ce pan du dossier : Francis Tarano. L’homme est suspecté d’avoir été le principal grossiste du réseau. Et c’est à son domicile, que les enquêteurs avaient saisi 49 millions de Fcfp en liquide. Ce quadragénaire aurait alimenté de multiples gros revendeurs de Tahiti dont son cousin Tamanu Oti.
Comme pour la plupart des dossiers d’ice, chaque protagoniste avait un rôle précis : grossiste, intermédiaire, revendeur, nourrice… mais aussi homme de main. D’ailleurs, chose rare jusqu’à aujourd’hui en Polynésie, de multiples armes à feu comme un Colt 45 et deux fusils à pompes ont été saisis au cours de l’enquête. « C’est la première fois qu’on parle d’armes en même temps que de trafic de stupéfiants. C’est la particularité de ce dossier. Le trafic se durcit et en tout cas on commence à voir des armes arriver dans ce genre de dossiers », déclare Me Adelaïde Bezzouh-Mauconduit, avocat de la défense.
Après s’être fait arnaquer 16 millions de Fcfp par un revendeur, Francis Terano avait appelé son cousin à la rescousse et son ami Thomas Buchin. Un passionné d’arme à feux aux épaules de déménageurs qui s’était déplacé avec un fusil pour tenter de récupérer l’argent. Une arme dont il n’entendait pas se servir selon son avocat, Me Sylvain Fromaigeat : « Le trafic de stupéfiants comme on le sait, ça participe beaucoup de mensonges, de tromperie, éventuellement de vol, que ce soit de marchandise ou d’argent. Donc, pour se prémunir de ça, on essaie de faire une certaine prévention en disant attention, si ça ne se passe pas bien, on vous cassera la gueule. Mais dans ce dossier, pas plus qu’il n’y a eu d’utilisation d’armes à feu, il n’y a eu d’altercation physique. On est dans de la dissuasion de gros bras. »
Reste que sur les écoutes réalisées par les enquêteurs, les protagonistes évoquent une « chasse à l’homme ». Interrogé par les gendarmes sur l’attitude qu’il aurait eu s’il s’était retrouvé face à l’homme qu’il recherchait, le gros bras avait déclaré : « soit j’aurais fait un tir de sommation en l’air, soit on serait rentré chez nous. Mais ils ont peur de notre réputation car on casse des gueules, surtout quand on nous cherche ».
Le procès se poursuit demain et devrait s’achever jeudi.