Comme nous vous le révélions lundi, dans une décision rendue le 14 février dernier, la cour administrative d’appel de Paris a condamné la Polynésie à verser 180 millions de Fcfp à la compagnie Air Tahiti. Une somme destinée à compenser son déficit sur certaines lignes comme Ua Huka aux Marquises ou Apataki aux Tuamotu.
Pour Manate Vivish, le directeur général de la compagnie, « c’est une décision technique que nous attendions de la cour d’appel de Paris qui finalement donne un fondement juridique au Pays pour verser une subvention qui avait été convenue entre Air Tahiti et le Pays en 2016. Il se trouve qu’en 2014 et en 2015, Air Tahiti a bénéficié d’une subvention versée par le Pays, du montant de 180 millions, mais qu’en 2016, le cadre juridique ayant changé, le Pays n’a pas été en mesure de verser cette subvention, qui avait été prévue au budget du Pays… »
Les choses rentreraient donc tout simplement dans l’ordre et, contrairement à ce qu’on pourrait penser, il n’est « absolument pas » prévu de stopper certaines lignes déficitaires.
– PUBLICITE –
« Air Tahiti maintient l’intégralité de ses vols sur toutes les destinations de Polynésie française, affirme Manate Vivish. Donc je rassure les habitants des îles, nous continuerons à aller dans toutes les directions, partout où nous nous posons actuellement. Il faut quand même rappeler à ce titre-là qu’Air Tahiti dessert 46 îles sur toute la Polynésie française. »
Mais 180 millions de subvention, c’est tout de même peu selon la direction d’Air Tahiti, comparé au déficit de certaines lignes desservies par la compagnie aérienne. Un trajet pour Ua Huka, par exemple, coûterait à Air Tahiti 450 millions chaque année, pour une recette située entre 80 et 90 millions.
Toujours selon la direction, aux Tuamotu, les appareils volent souvent à vide sur certaines lignes. Vahitahi par exemple est desservie une fois par mois, avec parfois seulement quatre passagers à bord.
Mais alors, comment la compagnie fait-elle pour équilibrer ses comptes ? « Air Tahiti a construit au fil du temps une péréquation interne, c’est-à-dire qu’il y a quelques lignes rentables et énormément de lignes déficitaires, explique Manate Vivish. Les lignes rentables contribuent à couvrir les déficits des lignes déficitaires. Mais ce sont essentiellement les touristes qui prennent en charge cette contribution et qui permet à Air Tahiti de pouvoir, à la fin de l’année, constater un équilibre de ses activités. »
Les usagers de la compagnie aux hameçons n’ont donc aucun souci à se faire, du moins tant qu’aucune concurrence ne s’installe. Car « le jour où une concurrence sera bien présente au côté d’Air Tahiti, le Pays devra à ce moment-là supporter le déficit qu’Air Tahiti ne pourra plus supporter puisque Air Tahiti sera contraint et forcé de vivre une situation de concurrence, indique Manate Vivish. Donc Air Tahiti baissera ses tarifs, forcément, mais à côté de ça, Air Tahiti ne sera plus en mesure de financer les déficits de ces lignes. »
De son côté, le ministère des Transports insulaires n’a pas souhaité s’exprimer, malgré nos sollicitations.