La crise sanitaire a dégradé les conditions de détention à Nuutania. C’est ce que soutient l’avocate de Thierry Barbion. La maison d’arrêt, pointée du doigt depuis de longues années pour sa vétusté et son insalubrité, a adopté de nouvelles mesures depuis la pandémie.
La salle de sports a ainsi été fermée et les familles ne peuvent plus déposer de vêtements ou de denrées alimentaires. Mais c’est surtout les rencontres des détenus avec leurs proches qui posent problème.
« Il n’y a que 2 parloirs par semaine au lieu de 3 avant. Et surtout ils ont un immense plexiglass en face d’eux qui leur empêche de discuter avec la personne qui leur rend visite. Donc ils ont un peu l’impression d’être comme au zoo, indique Me Marie Eftimie-Spitz, l’avocate de Thierry Barbion. Il y a des choses très simples à faire, par exemple réduire la dimension de ce plexiglass, ce qui permettrait à tout le monde de s’entendre. Plus personne ne crierait et ils auraient une vraie communication. Et ça multiplierait aussi le nombre de parloirs par semaine, parce que là, en réalité, vous êtes obligé d’avoir un parloir vide entre les deux. C’est ça aussi qui a réduit le nombre. »
Pour l’avocate, ces mesures sont de surcroît contraires à ce qui se fait dans les prisons de métropole.
« Dans sa défense l’Etat a produit les notes de l’administration centrale qui vont au contraire dans le sens du maintien des droits des détenus et de multiplier les efforts pour qu’ils gardent leurs droits, poursuit Me Eftimie-Spitz. Et j’ai l’impression qu’à Nuutania, c’est exactement l’inverse qui s’est passé. Alors que c’est une prison qui est épinglée pour ses conditions indignes et inhumaines depuis le mois de janvier 2020 par la Cour européenne des Droits de l’homme. »
De son côté, la direction de Nuutania a plaidé des mesures sanitaires nécessaires, alors que l’établissement ne compte actuellement plus aucun cas de Covid-19. La direction a également fait valoir que ses choix avaient été validés par son autorité de tutelle. Elle a enfin assuré que les travaux se poursuivaient et que les « conditions de détention devraient s’améliorer ». Le juge des référés rendra sa décision au plus tard lundi en fin de journée.