Deux ans d’interdiction de paraître à Tahaa pour un homme « ingérable »

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Un quadragénaire a été condamné par le tribunal correctionnel de Papeete, ce jeudi, pour de multiples faits de violence, d'outrage et de rébellion contre la population et les gendarmes de Tahaa. L'homme a revendiqué la plupart des faits pour lesquels il était incriminé. "C'est moi le boss" , a-t-il répété sans se soucier de sa culpabilité.

Publié le 28/11/2024 à 17:43 - Mise à jour le 29/11/2024 à 10:11

Un quadragénaire a été condamné par le tribunal correctionnel de Papeete, ce jeudi, pour de multiples faits de violence, d'outrage et de rébellion contre la population et les gendarmes de Tahaa. L'homme a revendiqué la plupart des faits pour lesquels il était incriminé. "C'est moi le boss" , a-t-il répété sans se soucier de sa culpabilité.

Audience mouvementée au tribunal correctionnel de Papeete, ce jeudi. Le dossier est chargé : il concerne un homme poursuivi pour rébellion, outrages, violences, et destruction de bien à Tahaa, dont il est originaire.

Âgé de 45 ans, le prévenu a été victime d’un accident du travail dans une ferme agricole, à Moorea – une blessure à la tête qui lui fait entendre des voix. Un état pour lequel il prend, théoriquement, un traitement à raison d’une piqure mensuelle de Clopixol pour tempérer ses épisodes psychotiques et agressifs. En effet, impossible de dire si l’homme se soigne réellement. Il vit de ses allocations pour adulte handicapé et intimide population et gendarmes à Patio, devant le distributeur de la banque Socredo.

La liste des faits pour lesquels il comparaît est longue. Il les reconnaît presque tous sans difficulté : « c’est vrai » , répète-t-il dans son micro, avant de les justifier. En avril, il admet avoir jeté des pierres sur un homme en scooter. Il pointe un différend passé, une affaire de vol de carte bancaire qui aurait dégénéré. Un prétexte invoqué à maintes reprises par le mis en cause pour s’en prendre aux gendarmes de l’île, à qui il reproche de ne pas « arrêter les voleurs » .

Ses dernières altercations avec les militaires remontent à début septembre. À l’arrivée de la brigade, qu’il décrit comme « un pédé et deux putes » , il leur jette sa bière, avant de porter des coups au visage de l’adjudant venu l’interpeller. « Je visais pas la fille, je visais le chef (…) Ils sont venus par derrière, ça m’a énervé » , explique-t-il. La veille, il avait outragé un autre gendarme, coupable de n’avoir pas répondu à son bonjour. « ça m’énerve » , répète-t-il. Il s’était alors mis en position de boxeur, avant de se raviser. « C’est moi le boss ici » , avait-il lancé au gendarme en partant, l’affublant au passage d’un doigt d’honneur.

« Il fait peur à la population »

Le quadragénaire est connu, et relativement craint de tous à Patio. Les gendarmes l’affirment : « il fait peur à la population » , déclare l’un d’eux dans ses dépositions. Une autre de ses victimes est un homme invalide de 68 ans, qu’il a agressé après une altercation dans un magasin, en juillet 2023. « C’est un vieux qui pue, un taioro de merde qui parle avec ma nièce (…) C’est un pédé » , lance-t-il au président du tribunal. De nouveau violentée en juillet 2024, la victime demande à ce que son agresseur ne paraisse plus à Patio. « C’est qui lui, je m’en fous, il est farani, qu’il dégage en France » , répond l’homme.

Même réponse quand il s’agit de dédommager une autre victime, un homme qui, en avril dernier, a reculé son véhicule trop près de lui à son goût, alors qu’il était installé devant le magasin. « Je m’en fous, je vais pas payer (…) Il m’a mal regardé, ça m’a énervé. Il faut respecter les gens sur la route » , se défend il.

« Un plâtre sur une jambe bois »

Conseil du prévenu, Me Fromaigeat s’estime « mal équipé » pour le défendre. « Il y a une certaine opiniâtreté à défendre les raisons de ses actes » , euphémise-t-il, interrogeant la « normalité » de son client. Celui-ci a fait l’objet d’une première expertise psychiatrique concluant à l’abolition de son discernement. La contre-expertise menée par un collège de deux psychiatres, elle, a estimé qu’il était responsable de ses actes. « Quelle est la bonne décision ? Il n’y en a pas » , souffle l’avocat, plaidant par défaut pour une incarcération à Nuutania plutôt qu’un internement en hôpital psychiatrique, et un déplacement du problème à Tahiti. « Je n’aimerais pas être à votre place (…) votre décision sera un plâtre sur une jambe de bois » , dit-il aux juges.

Car les trois psychiatres s’accordent à dire que l’homme présente une personnalité anti-sociale, incapable de faire preuve d’empathie ou de questionner ses actes. « Tout le monde l’énerve » , constate la procureure Monique Rouzeau. « La plupart des victimes ne veulent pas le revoir, ils n’en peuvent plus, y compris le commandant de gendarmerie. C’est une personnalité ingérable« 

L’homme a finalement été condamné à 12 mois de prison dont 6 assortis de sursis probatoire pendant 2 ans. Il devra, pendant la durée de sa peine, se soigner sous le contrôle du service de probation. Enfin, le tribunal lui a signifié l’interdiction de paraître à Tahaa pendant deux an, et l’a condamné à payer à ses victimes un total de 168 000 francs d’indemnisation.

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