En novembre 2022, les gendarmes avaient eu vent d’un trafic de méthamphétamine sur l’île Sacrée. Dans leur ligne de mire : un homme de 37 ans, déjà condamné pour deal d’ice, en 2019.
En investiguant, les enquêteurs ont identifié une dizaine de ses clients qu’ils ont interrogés dans la foulée. “C’était mon seul fournisseur à Raiatea. En général, il te faisait goûter avant de te faire acheter”, avait déclaré l’un d’eux. “Je me fournissais déjà chez lui en 2019. Tout le monde voyait qu’il avait repris son trafic d’ice à Raiatea”, avait lâché un autre.
Un troisième avait, lui, parlé d’un dealer qui “devenait pressant” avec ses clients pour qu’ils achètent sa marchandise illicite : “Ça devenait presque du harcèlement”.
Malgré ces multiples témoignages l’incriminant, le trentenaire a nié catégoriquement les faits à l’audience. “La plupart de ces personnes ont travaillé pour moi à une époque et elles ont des dettes envers moi”, a-t-il tenté en guise d’explications, avant de charger son coprévenu : “c’est lui tout seul qui était dans le trafic”.
Sauf que l’autre, âgé de 29 ans, a sans détour reconnu sa participation mais uniquement comme “livreur”. Et il a donné sa version de l’histoire : “Je suis tombé là-dedans à cause de ce monsieur. Il m’a embobiné dans son trafic. Il m’a fait fumer de l’ice et, petit à petit, j’y ai pris goût (…) Il m’a demandé de livrer certains consommateurs. Je n’étais que son larbin”.
Dans ses réquisitions, la procureure a déploré l’audiencement d’un énième dossier de méthamphétamine, fléau qui touche “toutes les strates” de la société. Parmi les clients de Raiatea, figurait ainsi un enseignant.
“La conjointe d’un consommateur a également déclaré qu’elle avait retrouvé dans les mains de son enfant de 2 ans les restes d’un sachet d’ice”, a soufflé la magistrate.
Au vu des éléments du dossier, elle a estimé que l’homme de 35 ans, malgré ses dénégations, était le “principal instigateur” du trafic qui lui aurait rapporté 1,5 million de francs, selon les calculs du parquet.
“C’est lui qui organise les choses, qui fixe les prix et qui relance les consommateurs (…) Malgré une condamnation en 2019, il n’a rien trouvé de mieux à faire que de reprendre ses activités illicites (…) Il n’assume pas ses responsabilités et conteste l’évidence”, a encore tonné la procureure.
Même conclusion pour le tribunal qui a condamné le dealer récidiviste à 3 ans de prison ferme avec mandat de dépôt à l’audience. Il a donc été placé en détention dès le jugement rendu. Son “larbin” à quant à lui écopé d’une année ferme. Une peine aménageable.