« Paradise Pacific TV » se rêvait une destinée à la Netflix en Polynésie mais le projet a fait long feu. La société qui devait proposer des vidéos à la demande sur internet et des accès à diverses chaines de télévision, dont celles diffusant gratuitement sur la TNT, en métropole, a été placée en liquidation judiciaire en 2018.
Les poids lourds de l’audiovisuel français ont en effet vu d’un mauvais œil l’utilisation, sans compensation financière, de leurs contenus et ont saisi la justice. La société dont Dominique Auroy était l’actionnaire majoritaire, et Pierre Marchesini le président directeur général, a vu son passif rapidement croitre pour atteindre environ 300 millions de francs.
Dans le cadre de cette procédure, l’inventaire des comptes et le rapport de gestion de la société sont demandés par le commissaire aux comptes. Mais ils n’ont pas été produits. « Nous avons rencontré beaucoup de difficultés ( …) Nous n’avons pas eu toutes les informations et nous n’avons pas été en mesure de certifier les comptes de 2015 », avait écrit le commissaire aux comptes qui précisait « ne pas avoir été payé » pour ses services. Comme plusieurs autres employés ou prestataires de l’entreprise.
Droit dans ses bottes, Pierre Marchesini a vivement contesté les accusations. « Tout ce qui nous est reproché est incompréhensible car la comptabilité était tenue (…) Je ne vois pas ce que j’ai pu faire (…) Ce n’était pas à moi de donner les comptes. Rien ne l’empêchait -le commissaire aux comptes, NDLR- de se déplacer. Il envoyait ses demandes à une boite postale qui n’était pas la bonne. Et je ne travaille pas par mail », a-t-il asséné tout en précisant qu’il venait de démissionner de ses fonctions à cette période.
« Vous êtes un dirigeant un peu étonnant. Vous considérez que vous n’avez pas de compte à donner », lui a répondu sèchement le président du tribunal.
« Si l’électricité est moins chère, c’est grâce à moi »
Dominique Auroy, qui occupait la fonction de directeur général délégué, s’est lui aussi défendu de tout manquement : « C’est au commissaire aux comptes de se déplacer dans l’entreprise (…) Est-ce qu’on a reçu un courrier ? Aucun. Je ne sais vraiment pas pourquoi je suis là (…) A cette période, j’étais les trois quarts du temps absent de Polynésie ».
Visiblement agacé de devoir une nouvelle fois faire face à des juges, l’homme d’affaires a tenu à préciser qu’il contribuait au « développement » du fenua en créant des emplois : « Si l’électricité est moins chère, c’est grâce à moi. J’ai développé l’hydroélectricité (…) Je suis fier de ce que j’ai fait. A force d’être accusé, on ne comprend pas… ».
Les avocats des deux hommes ont plaidé la relaxe, assurant que la non-communication des pièces comptables émanait d’une erreur de boite postale. « Personne n’a jamais reçu ces courriers. Ni monsieur Marchesini, ni monsieur Auroy, ne pouvaient agir. Nous ne sommes pas sur des fautes de gestion », a assuré l’un d’eux.
Un avis, comme souvent, diamétralement opposé à celui du parquet. « Ils sont dans une parfaite collaboration mais quand la société se fait attaquer, que les salaires ne sont pas payés, ils se retrouvent dos-à-dos et se renvoient la responsabilité (…) A aucun moment ils n’ont respecté le protocole permettant de procéder aux vérifications (…) Les dirigeants n’ont rien communiqué dans les délais », a estimé la procureure. Une position suivie par le tribunal qui a condamné les deux hommes à une amende de 500 000 Francs.