« Les escrocs ça ose tout et c’est à ça qu’on les reconnait ». C’est par cette maxime que la procureure a entamé ses réquisitions contre Williams E : L’ex-directeur de l’agence BT de Papara et actuel conseiller municipal de Teva I Uta.
Durant 3 ans, cet homme de 56 ans avait profité de sa fonction pour ouvrir des lignes de prêts au profit de nombreux proches : sa fille, son gendre, ses neveux, voire même son ex-femme. Au profit ? pas vraiment en réalité puisque la plupart d’entre eux ignoraient le contenu des contrats qu’ils signaient. Certains n’auraient même du jamais pouvoir prétendre à un prêt puisqu’ils ne disposaient pas de revenus, ou, pire, étaient interdit bancaire.
Et ils n’ont en réalité pas bénéficié des fonds. Au total, le préjudice se chiffre à 21 millions, dont 9 millions qui ont terminé sur le compte personnel du directeur ou de sa compagne.
Penaud à la barre, le quinquagénaire a peiné à s’expliquer. À demi-mot, il a indiqué avoir rencontré des problèmes d’argent en raison de son train de vie. Mais aussi car il devait rembourser des sommes à sa paroisse, après avoir semble—t-il pioché dans la caisse de celle-ci.
Une fuite en avant selon son avocat Me Philippe Neuffer, pour qui son client ne s’est pas enrichi frauduleusement : « Il a utilisé pour rembourser d’autres clients, pour renflouer certains comptes. Mon client n’a pas acheté de bateau, de demeure… Ça n’a pas été démontré. »
Reste que nombre de ses proches, dont la plupart ne se sont pas portés parties civiles, sont aujourd’hui confrontés à des huissiers qui leur réclament le remboursement des prêts. Quant à la direction de la Banque de Tahiti, elle estime que son image a été sérieusement écornée.
« Les agissements du prévenu ont entaché la réputation et la crédibilité commerciale de la banque alors même qu’elle a des procédures internes de contrôle. Et c’est d’ailleurs ce qui est mis au jour : ces agissements », explique Me François Mestre, avocat de la Banque de Tahiti.
L’ex directeur de l’agence a finalement été condamné à 2 de prison dont une assortie du sursis ainsi qu’à une amende de 5 millions. Il devra également indemniser la banque de Tahiti et l’une de ses cousines, la seule à s’être portée partie civile. Quant à son mandat de conseiller municipal, il ne pourra le conserver puisque le tribunal lui a également infligé 5 années d’inéligibilité…